Les premières phases de la guerre contre l’Irak ont commencé. Nous ne baissons pas les bras pour autant. Ces trois derniers jours, plus de 20 000 personnes de 119 nationalités différentes ont envoyé des courriers à leurs ambassadeurs aux Nations unies pour leur demander d’utiliser la résolution « Union pour la paix ».

Amsterdam (Hollande). La résolution « Union pour
la paix » a déjà arrêté des guerres, même après que les hostilités
aient commencé. Les Nations unies ne devraient pas accepter d’être
reléguées à un rôle strictement humanitaire alors qu’elles peuvent
encore arrêter ce conflit armé.

Les dirigeants des pays les plus puissants du monde ont échoué.
Le Conseil de sécurité a échoué. Le monde bascule aujourd’hui dans
la guerre. Il reste aux Nations unies une dernière chance de sauver
la paix. S’il y a jamais eu un moment pour les Nations unies de
mener à bien la mission pour laquelle elles ont été créées, c’est
bien aujourd’hui.

Alors que la majorité de l’opinion mondiale est contre la
guerre, qui peut faire entendre sa voix aux Nations unies ? Le
Conseil de sécurité a été créé selon un principe inégalitaire qui
donne plus de poids aux grandes puissances (celles qui possèdent
des armes nucléaires) dans l’évaluation de ce qui est souhaitable
pour le monde et de ce qui ne l’est pas. Les cinq membres
permanents du Conseil de sécurité ont le droit de veto. S’ils
étaient en mesure de bloquer une motion autorisant l’usage de la
force militaire contre l’Irak, il étaient tout autant en mesure de
bloquer une éventuelle résolution condamnant le fait que les
Etats-Unis agissent sans autorisation des Nations unies.

Au contraire, les pays sont sur un pied d’égalité à l’Assemblée
générale. Par un mécanisme peu utilisé connu sous le nom de
résolution 377A, aussi appelée « Union pour la paix », l’Assemblée
générale tient peut-être la dernière chance d’arrêter la machine de
guerre américaine et de désarmer l’Irak de façon pacifique.

La résolution « Union pour la paix » permet à l’Assemblée générale
de se réunir en session extraordinaire d’urgence pour examiner le
cas d’un acte d’agression ou d’une rupture de la paix quand le
conseil de sécurité s’est avéré incapable de résoudre la crise.
Elle a été utilisée pour la première fois en 1950, lors de la crise
de Suez, pour donner une semaine à la Grande-Bretagne et à la
France pour se retirer d’Egypte, après que celles-ci aient posé
leur veto à une demande de cessez-le-feu du Conseil de sécurité.
Elle a été utilisée 10 fois depuis, le plus souvent à l’initiative
des Etats-Unis.

L’Assemblée générale pourrait ainsi se réunir sous 24 heures et
recommander des mesures collectives aux Membres des Nations unies
pour « maintenir ou rétablir la paix et la sécurité
internationales », y compris par le déploiement de forces de
maintien de la paix. Surtout, d’un point de vue politique,
l’Assemblée générale pourrait donner corps au tollé mondial suscité
par cette guerre, qui jusqu’à présent n’a pas reçu l’approbation de
l’écrasante majorité des pays du monde et devrait être condamnée et
empêchée sur le champ.

Si vous pensez, comme nous, qu’aujourd’hui l’avenir du monde et
des Nations unies est mis en danger au prétexte d’une guerre
préventive, joignez votre voix à la nôtre pour demander à
l’Assemblée générale des Nations unies de réagir (cyberaction en
anglais). Demandons l’utilisation de la résolution d’Union pour la
paix, la condamnation de la guerre contre l’Irak, et le recours à
des moyens pacifiques pour désarmer l’Irak.

Il ne reste plus que quelques heures pour modifier le dangereux
cours pris par les événements. Les Nations unies ne doivent pas
permettre qu’un ordre mondial fondé sur des prises de décision
multilatérales soit supplanté par un ordre dans lequel ce sont les
plus riches et les plus puissants qui commandent.