Les dirigeants des pays les plus puissants du monde ont échoué. Le Conseil de sécurité a échoué. Le monde est aujourd’hui prêt à basculer dans la guerre. Il reste aux Nations unies une dernière chance de sauver la paix. S’il y a jamais eu un moment pour les Nations unies de mener à bien la mission pour laquelle elles ont été créées, c’est bien aujourd’hui.

New-York (USA). Alors que la majorité de l’opinion mondiale est contre la guerre, qui peut faire entendre sa voix aux Nations unies ? Le Conseil de sécurité a été créé selon un principe inégalitaire qui donne plus de poids aux grandes puissances (celles qui possèdent des armes nucléaires) dans l’évaluation de ce qui est souhaitable pour le monde et de ce qui ne l’est pas. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont le droit de veto. S’ils étaient en mesure de bloquer une motion autorisant l’usage de la force militaire contre l’Irak, il étaient tout autant en mesure de bloquer une éventuelle résolution condamnant le fait que les Etats-Unis agissent sans autorisation des Nations unies.

Au contraire, les pays sont sur un pied d’égalité à l’Assemblée générale. Par un mécanisme peu utilisé connu sous le nom de résolution 377A, aussi appelée « Union pour la paix », l’Assemblée générale tient peut-être la dernière chance d’arrêter la machine de guerre américaine et de désarmer l’Irak de façon pacifique.

La résolution « Union pour la paix » permet à l’Assemblée générale de se réunir en session extraordinaire d’urgence pour examiner le cas d’un acte d’agression ou d’une rupture de la paix quand le conseil de sécurité s’est avéré incapable de résoudre la crise. Elle a été utilisée pour la première fois en 1950, lors de la crise de Suez, pour donner une semaine à la Grande-Bretagne et à la France pour se retirer d’Egypte, après que celles-ci aient posé leur veto à une demande de cessez-le-feu du Conseil de sécurité. Elle a été utilisée 10 fois depuis, le plus souvent à l’initiative des Etats-Unis.

L’Assemblée générale pourrait ainsi se réunir sous 24 heures et recommander des mesures collectives aux Membres des Nations unies pour « maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales », y compris par le déploiement de forces de maintien de la paix. Surtout, d’un point de vue politique, l’Assemblée générale pourrait donner corps au tollé mondial suscité par cette guerre, qui jusqu’à présent n’a pas reçu l’approbation de l’écrasante majorité des pays du monde et devrait être condamnée et empêchée sur le champ.

Si vous pensez, comme nous, qu’aujourd’hui l’avenir du monde et des Nations unies est mis en danger au prétexte d’une guerre préventive, joignez votre voix à la nôtre pour demander à l’Assemblée générale des Nations unies de réagir (cyberaction en anglais). Demandons l’utilisation de la résolution d’Union pour la paix, la condamnation de la guerre contre l’Irak, et le recours à des moyens pacifiques pour désarmer l’Irak.

Il ne reste plus que quelques heures pour modifier le dangereux cours pris par les événements. Les Nations unies ne doivent pas permettre qu’un ordre mondial fondé sur des prises de décision multilatérales soit supplanté par un ordre dans lequel ce sont les plus riches et les plus puissants qui commandent.