Genève (GE) Greenpeace publie aujourd’hui un
rapport inédit, réalisé par 60 scientifiques de Biélorussie,
d’Ukraine et de Russie, qui démontre que l’Agence Internationale de
l’Energie Atomique (AIEA) a largement sous estimé l’impact
sanitaire de la catastrophe de Tchernobyl.

Même si des incertitudes subsistent concernant l’ampleur exacte
des conséquences de Tchernobyl, le rapport conclut que cette
catastrophe a déjà provoqué 200 000 décès ces quinze dernières
années en Biélorussie, en Ukraine et en Russie. Le rapport indique
de plus qu’à l’avenir plus d’un quart de million de cancers, dont
près de 100 000 cancers mortels, découleront de la catastrophe.

Ces chiffres prouvent que le bilan mis en avant par l’AIEA, qui
table sur 4 000 décès, constitue une minimisation grossière de
l’étendue des souffrances provoquées par Tchernobyl. Greenpeace
estime qu’il est temps de tourner la page du nucléaire et de
construire une autre politique énergétique, axée sur la sobriété,
l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.

Basées sur les statistiques nationales de Biélorussie en matière
de cancers, les données contenues dans le rapport prévoient environ
270 000 cancers supplémentaires provoqués par Tchernobyl, dont 93
000 cancers mortels. Le rapport conclut aussi, sur la base des
données démographiques que, durant les 15 dernières années, 60 000
personnes sont mortes en Russie, et estime qu’au total le nombre de
morts pourrait atteindre 140 000 victimes supplémentaires en
Biélorussie et en Ukraine.

Le rapport se penche également sur les autres impacts sanitaires
de Tchernobyl et conclut que la radioactivité relâchée par
l’accident a des effets dévastateurs sur les survivants: dommages
aux systèmes immunitaires et endocriniens, vieillissement accéléré,
augmentation des déformations chez les foetus et enfants,
aberrations chromosomiques, maladies cardio-vasculaires, sanguines
et psychologiques. Même si des incertitudes demeurent concernant
l’ampleur exacte des conséquences de Tchernobyl, des preuves
irréfutables montrent que l’accident a eu un impact important sur
la santé de millions de personnes habitant une grande partie de la
planète.

Au-delà de l’impact direct des radiations, la santé des
habitants de Biélorussie, d’Ukraine et de Russie a également été
affectée par de graves perturbations aux niveaux social et
économique, suite à l’augmentation du coût du système de soins de
santé, la perte de terres agricoles, le déplacement forcé d’environ
300.000 personnes, une force de travail affaiblie ou encore la
crise économique qui a suivi la catastrophe.

Ces conclusions contrastent fortement avec les affirmations de
l’AIEA. En avançant le chiffre de 4 000 cancers mortels sans
spécifier que ce chiffre a trait à un groupe restreint de personnes
(les 600 000 ‘liquidateurs’ et les personnes relogées suite à
l’accident, alors qu’au moins deux milliards de personnes ont été
touchées par les retombées radioactives), l’AIEA tente de minimiser
le coût humain de la catastrophe de Tchernobyl. L’AIEA a aussi omis
de se pencher sur les impact autres que ceux liés aux cancers et a
tenté d’expliquer ceux-ci par une «radiophobie» généralisée.

Il est regrettable que l’AIEA minimise l’impact du plus grave
accident. Un tel déni de réalité est non seulement insultant pour
les milliers de victimes, mais remet également en question le
mandat même de l’AIEA. Comment, en effet, peut elle prétendre au
rôle de gendarme nucléaire mondial si elle ne peut même pas
admettre que le nucléaire a anéanti la vie de tant de personnes
?