Aujourd’hui à Zoug, le douteux «Nuclear Disarmament Forum» distribue des prix pour des performances exceptionnelles en faveur de la paix dans le monde. Le choix de nombreux lauréats ne peut qu’étonner; en font ainsi partie Vladimir Poutine, président de la Russie, et la société OKG, propriétaire de centrales nucléaires (CN) en Suède. En réalité, cette bizarre initiative de paix ne sert pas à la promotion de la paix mais de mesure de relations publiques des nucléocrates suisses et européens.

Zug (ZG).  Le «Nuclear Disarmament Forum» (NDF) a été fondé par l’industrie atomique suisse: 98% du capital de départ ont été fournis par Franz Hoop, ancien acheteur de combustible à la Elektrizitätsgesellschaft Laufenburg (l’EGL exploite la CN de Leibstadt). M. Hoop a une réputation douteuse depuis qu’il a signé une déclaration d’intention au nom de l’industrie atomique en vue d’exporter tous les déchets hautement radioactifs suisses vers la Russie (communiqué de presse de Greenpeace du 12.01.1999).

Les nucléocrates suisses continuent à tenir à l’option russe, parce qu’en Europe occidentale le retraitement du plutonium contenu dans le combustible nucléaire irradié (CNI) et le stockage des déchets radioactifs sont fortement controversés. En Russie, c’est bon marché, il n’y a pas de normes environnementales et pas de droits populaires. Le NDF présente ainsi la dernière variante de roulette russe: le plutonium russe doit être intégré dans des éléments de combustible nucléaire d’oxydes mixtes (MOX) qui seront «loués» aux CN occidentales puis, une fois irradiés, stockés définitivement en Russie.

Ce plan n’a toutefois rien à voir avec le désarmement mais uniquement avec les intérêts à court terme des nucléocrates. Un article du magazine spécialisé «Nuclear Fuel» rend compte ainsi d’une conférence en Russie. La présence de l’industrie et d’organisations comme le NDF prouve, selon Nuclear Fuel, que la Russie est «both potentially good for the future of nuclear energy and highly lucrative» en tant que localisation pour une dépôt définitif de déchets radioactifs. Selon Nuclear Fuel, la location de combustible nucléaire est particulièrement intéressante pour l’industrie atomique suisse, allemande et suédoise parce qu’elle permet de retarder la sortie du nucléaire «on grounds they were contributing to disarmament». (Nuclear Fuels, 16.09.2002)

La location de MOX allie le pire de 2 mauvaises idées des nucléocrates: elle conduit à la construction d’une usine de combustible nucléaire contenant du plutonium en Russie et au transport de plutonium, pouvant être utilisé pour des bombes atomiques, sur des milliers de kilomètres. Les abus, le vol et le sabotage sont facilement possibles. Des terroristes pourraient facilement extraire le plutonium d’éléments de combustible nucléaire MOX et l’utiliser dans des bombes atomiques; comme le confirment des experts internationaux et des calculs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) à Vienne.

Greenpeace exige que le plutonium soit traité et éliminé comme un déchet radioactif.