Une étude scientifique vient de révéler que des rats de laboratoire nourris pendant 90 jours avec le maïs transgénique MON863 produit par la société Monsanto présentent des signes de toxicité au niveau des reins et du foie.

International – C’est la première fois qu’on observe ce type d’effets toxicologiques provoqués par un OGM, sur les organes internes d’animaux de laboratoire. Greenpeace appelle donc l’Union européenne à procéder immédiatement au retrait du maïs MON863 du marché communautaire et à réviser les procédures d’autorisation des OGM dont notamment l’évaluation de leurs risques sanitaires.

L’étude, qui sera publiée dans les prochains jours par le journal américain « Archives of Environmental Contamination and Toxicology », a analysé les résultats des tests toxicologiques menés par Monsanto elle-même et transmis à la Commission européenne lors de sa demande d’autorisation de mise sur le marché du maïs OGM MON863 . Les résultats des tests toxicologiques montrent que des risques significatifs pour la santé animale et humaine pourraient être associés au MON863.

Ces résultats n’ont d’ailleurs pu être obtenus par Greenpeace qu’à la faveur d’un procès, et ont ensuite été réexaminés par une équipe de scientifiques indépendants, avec à leur tête le Professeur Gilles-Eric Séralini, un expert en biotechnologie du gouvernement français venant de l’Université de Caen . Ce dernier a énoncé lors d’une conférence de presse commune avec Greenpeace à Berlin: « Les analyses menées par Monsanto ne tiennent pas la route lorsqu’on les examine à la loupe – les analyses statistiques sont notamment hautement questionnables. Encore pire, la multinationale n’a pas jugé nécessaire d’étudier plus en détail une différence significative entre le poids des animaux nourris aux OGM et ceux qui ne l’ont pas été. Enfin, des données cruciales provenant de tests d’urine ont été dissimulées par Monsanto dans ses propres publications ».

Le maïs transgénique MON863 a déjà fait l’objet de débats en 2003 lorsque des changements importants avaient été identifiés dans le sang de rats nourris avec ce maïs. Pourtant, cela n’a pas empêché la Commission européenne d’autoriser cet OGM en 2005 et 2006 pour l’importation et la transformation en alimentation animale et humaine, alors même que la majorité des Etats-membres y étaient opposés et avaient émis des doutes quant à l’innocuité de celui-ci. L’analyse menée par le Professeur Séralini ne fait que confirmer scientifiquement ces doutes.

« Cette découverte enlève au système d’autorisation des OGM européen tout reste de crédibilité. Maintenant qu’il a clairement été démontré qu’un OGM potentiellement dangereux a été autorisé en dépit de signes apparents, il ne reste plus qu’à l’UE de repasser au crible toutes les analyses des risques sanitaires menées sur les OGM déjà autorisés et de retirer immédiatement le maïs MON863 du marché », explique Christoph Then de Greenpeace International.

Au-delà de l’Europe, le maïs MON863 est également autorisé à la commercialisation en Australie, au Canada, en Chine, au Japon, au Mexique, aux Philippines, en Corée, à Taiwan et aux Etats-Unis.

« Il s’agit ici d’une alerte mondiale à laquelle une réponse globale doit être apportée par l’Union européenne et les différents Etats impliqués. En attendant, nous encourageons fortement le gouvernement luxembourgeois à interdire immédiatement la commercialisation du maïs MON863 et de ses dérivés et à s’engager auprès de la Commission européenne afin que la procédure d’autorisation des OGM soit enfin révisée », conclut Anne Thomas de Greenpeace Luxembourg.