Un des responsables de la campagne « pollution toxique » de Greenpeace a été gratifié de l’une des plus prestigieuses récompenses internationales pour un écologiste de terrain. Equivalent du « Prix Nobel de l’environnement » le « Goldman Environmental Prize » a été décerné à Von Hernandez, Philippin âgé de 36 ans et Chargé de campagne « Toxiques ». Von Hernandez s’est battu pendant des années pour contrer la promotion de l’incinération et la prolifération d’activités polluantes dans les pays en voie de développement.

San Francisco (USA). Aujourd’hui, Chargé de campagnes toxiques pour Greenpeace et coordinateur de GAIA (Global Alliance for Incinerator Alternatives – l’Alliance mondiale pour les alternatives à l’incinération), Hernandez est le premier Philippin à recevoir le « Goldman Prize ». Chaque année, ce prix récompense, dans 6 pays différents, six militants de terrain, reconnus comme « héros de l’environnement ». Les lauréats reçoivent une dotation de 125 000 US $ en soutien à leurs travaux.

« Je suis ravi de recevoir ce prix, reconnaissance de l’importance de notre lutte contre l’incinération » a déclaré Von Hernandez. « Cette dotation va nous aider à continuer notre combat contre la prolifération des technologies sales en Asie »
Impliqué de longue date dans la lutte contre l’incinération des déchets et ses impacts sur la santé humaine, Hernandez a été nommé au Goldman Prize pour le rôle primordial qu’il a joué dans l’adoption historique aux Philippines, d’une législation interdisant l’incinération des ordures ménagères.

En 1999, ce pays a, en effet, été la première nation à voter l’interdiction de l’incinération des déchets sur tout son territoire. Von Hernandez a également alerté les autres pays du sud-est asiatique des dangers de l’incinération et il reste au premier rang du combat pour que les pratiques d’élimination des déchets par combustion et enfouissement soient remplacées par une production dite « Zéro déchet ». « Réduire les déchets à la source, trier, recycler ou composter les matière organiques est de loin la meilleure alternative aux technologies dangereuses, telle l’incinération », a déclaré Hernandez.

Ce collaborateur de Greenpeace a régulièrement dénoncé le rôle déterminant des pays industrialisés dans l’exportation des déchets et des technologies polluantes vers les pays en développement. En exportant leurs technologies sales ou immergeant leurs déchets, les pays riches ont, sans vouloir l’avouer, dégradé l’environnement des pays en développement, faisant courir des risques considérables à leurs populations.

« Pour ce qui concerne les déchets, exportation est synonyme d’exploitation » déclare Hernandez « Nous voulons éviter que les pays pauvres, choisis pour accueillir décharges et incinérateurs, ne deviennent des zones toxiques, sacrifiées au nom de l’irresponsabilité des pays riches »
La Thaïlande, la Malaisie, le Vietnam et la Chine sont très sollicités pour accepter l’implantation d’usines d’incinération, essentiellement proposées par des compagnies japonaises. Ces propositions sont encouragées par de promesses d’emprunts facilités par la Banque Japonaise pour la Coopération Internationale. Le Japon, pays symbole de la surconsommation, détient le plus grand nombre d’incinérateurs au monde et bat tous les records d’émission de dioxines.

« Les pays en voie de développement devraient éviter de répéter les erreurs commises par les pays industrialisés. L’incinération n’est pas seulement source de pollution toxique. Elle contribue au gaspillage permanent et par conséquent au pillage de ressources limitées. Ce procédé n’a pas sa place dans un futur durable » déclare Von Hernandez

Tout au long de son travail de campagne Von Hernandez a été confronté à de fortes pressions, subissant un harcèlement conséquent de la part des industriels. Il a été poursuivi en justice pour diffamation, ridiculisé dans la presse par les sympathisants de l’industrie, tenu pour responsable de la crise des ordures ménagères de Manille… Des officiels qui souhaitaient lever l’interdiction de l’incinération ont menacé de déverser des ordures ménagères sur le palier de son domicile.

A San Francisco où il reçoit son prix, Von Hernandez, avec les autres lauréats, a été félicité par le fondateur du « Goldman Environmental Prize ». « Cette année les lauréats se sont dépassés, risquant souvent leur vie et leur liberté pour insuffler à leur peuple le désir de se battre pour la protection de l’environnement » a déclaré Richard N.Goldman. « Nous sommes honorés de reconnaître un travail qui démontre à quel point tout est possible quand des gens ordinaires prennent en charge des actions extraordinaires pour la protection de notre planète »

En tant que lauréat, Von Hernandez assistera à une série de réunions de haut niveau auxquelles participeront le Congrès américain, des hauts fonctionnaires retraités de la Banque Mondiale et des leaders d’opinion. Ce collaborateur de Greenpeace ne manquera, bien entendu, pas l’occasion de demander à la Banque Mondiale de cesser les soutiens financiers qu’elle accorde régulièrement pour la construction d’incinérateurs dans les pays en voie de développement.