Cette coalition est née d’un constat commun: si l’importance de faire durer les biens de consommation pour limiter le gaspillage des ressources fait aujourd’hui l’unanimité, les obstacles pour surmonter le prêt-à-jeter sont encore très nombreux. Le problème? De nombreux produits sont simplement irréparables: 

  • l’objet est indémontable (boîtiers ou éléments soudés, p. ex.);
  • aucune pièce de rechange n’est disponible;
  • le coût de la réparation ou la complexité de la démarche comparés à l’achat de neuf sont rédhibitoires;
  • l’incompatibilité technologique ou l’absence de mise à jour des logiciels rendent les appareils inutilisables.

La coalition

Les récents rapports, enquêtes et sondages publiés à ce sujet confirment que les obstacles à la réparation et au réemploi restent nombreux. En juin 2022, Greenpeace Suisse a notamment fait état du retard du commerce de détail en matière d’économie circulaire. Une conclusion corroborée par l’enquête de la FRC sur les lacunes des mêmes vendeurs dans le domaine de la réparation. Cette étude a permis de révéler que la plupart des appareils sous garantie ramenés au service après-vente en raison d’une panne a priori réparable ne sont généralement pas examinés et simplement jetés. Quand bien même les sondages d’opinion montrent que la population serait prête à réparer davantage. 

Absence de cadre et de révision de la loi

Malheureusement, les conditions-cadres actuelles encouragent largement plus une économie du recyclage et de la valorisation de la matière qu’une économie du réemploi et de la réutilisation. De plus, de nombreux acteurs économiques, publics et non-gouvernementaux s’engagent pour une économie durable et circulaire; ils peinent pourtant à mettre en place les changements nécessaires à l’échelle requise par les défis environnementaux actuels.

Tel est l’enjeu du projet de révision de la loi sur la protection de l’environnement, élaboré en réponse à l’initiative parlementaire « Renforcer l’économie circulaire suisse ». Le sujet est omniprésent dans la politique – ces dernières années, plus de 30 interventions ont été déposées au Parlement sur ce thème. En ce qui concerne la révision de la loi sur la protection de l’environnement, il s’agit du projet le plus prometteur. C’est le seul qui propose enfin des modifications légales pour lutter contre la destruction prématurée d’objets.

La coalition «Longue vie à nos objets!» entend soutenir et renforcer les ambitions de ce projet, faciliter les démarches existantes et inciter les acteurs économiques et politiques à améliorer l’offre du marché en amont. D’une part, afin que le consommateur ne se retrouve pas démuni en fin de chaîne avec comme seule solution celle de jeter; d’autre part, pour accompagner une transition vers une économie circulaire à large échelle.

L’économie circulaire est une boîte à outils pour mettre en œuvre la durabilité.

Réutiliser des bouteilles en verre pour de la bière ou du vin plutôt que les recycler. Mettre à disposition des pièces détachées et des modes d’emploi détaillés pour réparer un aspirateur ou un téléphone. Réemployer des matériaux de construction issus de la démolition d’un bâtiment pour en construire un nouveau. L’ensemble de ces activités s’inscrivent dans une logique d’économie circulaire. Celle-ci se base sur une idée simple mais aux nombreuses implications: maintenir le plus longtemps possible la valeur des ressources, matériaux et objets dans l’économie. Cela grâce à un ensemble de stratégies:

  • réduire l’utilisation de ressources en termes absolus ou par unité de produit ou de service;
  • ralentir les flux de matières en prolongeant la vie des objets (entretenir, réutiliser, réparer, reconditionner, remanufacturer, etc.);
  • boucler les flux de matières (valorisation de la matière et de l’énergie des déchets).

Pour mettre en œuvre ces stratégies, des principes d’écoconception ou conception circulaire doivent être appliqués tout au début du cycle de vie des objets. Ces principes définissent la quantité et la qualité des matériaux, de même que l’énergie requise pour la production et le fonctionnement des objets. Ils définissent également les stratégies d’économie circulaire et de fin de vie qu’il est possible d’appliquer ensuite. 

Objectifs et actions de la coalition

Pour cela, la coalition réunit en premier lieu les acteurs concernés par la réparation et le réemploi des objets en Suisse dans le but de favoriser l’échange d’informations. Ensemble, ils ont pour ambition de mener des actions politiques communes pour compléter et soutenir le travail parlementaire en cours et maintenir la thématique en haut de l’agenda politique. 

Ils prévoient également de mener des actions de communication afin que cette thématique centrale pour une transition effective vers une consommation durable soit mieux comprise du grand public et davantage traitée par les médias. Ceci également dans le but de transmettre une expertise fine des solutions envisagées dans le contexte suisse.

En résumé, la coalition s’inscrit dans un mouvement constructif visant à faciliter la prise de décision en faveur du passage à une économie circulaire à large échelle en Suisse, afin que celle-ci ne reste pas qu’un marché de niche. 

Lutter contre le gaspillage et la pollution découlant de la destruction prématurée d’objets de consommation en prolongeant leur durée de vie.

Faire changer les conditions-cadres pour que le marché propose des objets conçus selon les principes de l’économie circulaire, et renforcer la place du thème de la production et consommation durables dans différentes politiques sectorielles (environnement, économie, formation, agriculture, etc.).

Offrir aux consommateurs un accès facilité et abordable à la réparation et la réutilisation pour en faire une réelle alternative à l’achat de neuf.

Soutenir le développement d’un tissu économique d’acteurs innovants dans les secteurs de la réparation, de la réutilisation et du partage d’objets (y compris des programmes de reconversion) et mettre en valeur les initiatives existantes.

Conférence de presse de la coalition du 10 octobre 2022 à Berne.