Clim’art, eco art, land art ou artivisme: le nom est en soi un programme. L’art s’est toujours intéressé aux thèmes les plus brûlants de son époque. Un phénomène que l’on observe au travers des siècles dans l’histoire de l’art. Sauf qu’aujourd’hui, les thèmes sont bien plus complexes: courbes climatiques, colonnes de chiffres, moyenne des températures, diagrammes de pollution sont présents partout. Qu’en fait l’art? Nous savons qu’il peut bouleverser et provoquer une remise en question ou une réaction. L’art conduit-il à l’artivisme? Le peut-il? Doit-il se libérer de son objectivité?

 

«Je suis à la fois militante et artiste.» PourHina Strüver, l’ouverture et l’ambiguïté sont des éléments impératifs dans l’art. Il existe souvent un malentendu dans la collaboration entre l’art et la science ou les organisations écologiques: «L’art n’est pas l’illustration d’un thème, précise la danseuse-performeuse suisse. L’art est indépendant des exigences de ses spectateurs.» Il n’en demeure pas moins que des «points de contact» existent parfois dans le développement de l’art et de la société. L’art n’a alors pas uniquement un sens en tant que tel, mais aussi pour la société, «parce que, grâce à lui, nous nous reconnaissons soudain dans le miroir».

 

©Juliana Burigo

Grâce à sa bourse Artists in Lab, Hina Strüver a trouvé une telle interface entre l’art et la société dans le  projet artistique collectif Regrowing Eden, une installation née de plusieurs performances et qui met en évidence les dangers du génie génétique. Dans ce cas, elle était prête à mettre son travail au service d’une urgence politique. Le fait que le gouverneur de l’État du Paraná au Brésil lui ait demandé, avec ce projet, d’attirer l’attention sur les risques des plantes OGM répondait à ses aspirations: «Comme je ne suis pas seulement artiste, mais aussi militante, je trouve que c’est enrichissant de provoquer quelque chose avec mon travail.» Hina Strüver ne se considère pas pour autant comme une artiviste, car ce serait se fixer et limiter ses possibilités en tant qu’artiste. Professionnellement, elle a sciemment décidé de se consacrer à une seule ONG de façon à rester libre dans son art. Hina Strüver fait partie de l’équipe fixe de Greenpeace Suisse depuis dix ans.

 

 

Hina Strüver est née en Allemagne en 1974. Diplômée de la Haute école d’art de Braunschweig, elle a participé à de nombreux projets artistiques dans l’espace public, primés à  plusieurs reprises. Après une formation complémentaire de photojournaliste, elle vit et travaille aujourd’hui à Zurich. Fidèle à la réalité dans ses reportages visuels, elle libère sa  créativité dans le cadre de son travail d’artiste.

Portfolio d’Hina Strüver