Lors d’une conférence de presse organisée aujourd’hui en Finlande, Greenpeace a révélé un nouveau scandale impliquant deux entreprises françaises chargées des travaux de construction du réacteur européen à eau pressurisée (European Pressurized water Reactor, EPR) finlandais: Areva et le groupe Bouygues, un des principaux sous-traitants du géant du nucléaire.


Le 24 juin 2008, Greenpeace protestait déjà dans la région Olkiluoto en Finlande, contre les risques de l’EPR. ©Greenpeace/Aslund

L’organisation de défense de l’environnement
s’est procuré des documents techniques confidentiels qui font état
de nouveaux problèmes de sûreté inquiétants concernant
principalement les travaux de soudure sur une pièce essentielle au
bon fonctionnement de la future centrale puisqu’il s’agit de
l’armature d’acier destinée à renforcer le socle en béton
supportant le futur réacteur et son système de refroidissement.

Ces documents révèlent que pendant plus d’un
an, Areva et Bouygues ont autorisé – et caché aux autorités
finlandaises – l’exécution de travaux de soudure sans que les
procédures n’aient été au préalable approuvées. Aucun test n’a été
réalisé sur ces soudures faites sur une armature aujourd’hui coulée
dans du béton. La qualification des soudeurs employés n’a pas été
vérifiée. Et Bouygues emploie toujours du personnel non qualifié
pour superviser les travaux de soudure. Ces documents montrent
aussi que l’autorité de sûreté nucléaire finlandaise Stuk et la
compagnie d’électricité TVO échouent à imposer le respect de normes
et de standards de qualité et de sûreté sur le chantier.

L’expert indépendant en sûreté nucléaire Helmut
Hirsch, qui a analysé ces documents techniques, estime que de tels
dysfonctionnements constituent «un cas indéniable de mauvaises
pratiques et indiquent une mauvaise culture de sûreté» et qu’ils
donnent lieu à «des inquiétudes graves concernant la résistance du
bâtiment du réacteur d’OL3». Des craintes que vient confirmer un
reportage réalisé par un journaliste d’investigation finlandais,
diffusé le 12 août 2008 par la chaîne de télévision finlandaise
YLE.

Ce scandale est le dernier en date d’une longue
série de problèmes survenus sur le chantier finlandais depuis le
début des travaux, fin 2005. Plus de 1’000 incidents ont déjà été
rapportés: mauvaise qualité du béton utilisé, soudures défectueuses
sur l’enceinte de confinement, composants essentiels non conformes,
sans parler de l’incendie survenu fin juillet, qui a causé des
dommages à l’extérieur et à l’intérieur du mur d’enceinte du
réacteur. Résultat: en Finlande, la construction du réacteur
affiche déjà plus de deux ans de retard et 3,2 milliards de francs
suisses de dépassement.

Le chantier du deuxième EPR qu’Areva construit
actuellement en France, sur le site nucléaire de Flamanville
(Manche), a déjà connu une partie de ces problèmes. Au point que
l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) s’est décidé à
suspendre les travaux, qu’elle a réautorisés un mois plus tard,
suite aux pressions de l’industrie et sur de simples déclarations
de bonnes intentions d’Areva, mais sans que rien ne soit réglé sur
le fond.

«Manque de sérieux et de rigueur concernant des
procédures élémentaires de sûreté nucléaire, manque de
transparence: les cas d’Areva et Bouygues s’aggravent. Le chantier
finlandais tourne à la catastrophe et celui de Flamanville prend le
même chemin, d’autant que ce sont les mêmes entreprises qui sont
aux manettes,» déclare Lauri Myllyvirta, responsable de la campagne
Nucléaire en Finlande. «Il est encore temps d’arrêter les frais:
cessons de miser sur une technologie dépassée, mal maîtrisée,
risquée et inefficace en termes de lutte contre les changements
climatiques; développons d’ambitieuses politiques d’efficacité
énergétique et les renouvelables, beaucoup plus efficaces,
économiques, sûres et rapides que le nucléaire.»

Le nucléaire empêche notamment la mise en place
des véritables solutions aux changements climatiques que sont les
énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, en captant les
ressources nécessaires à leur développement. Dans son rapport
[R]évolution énergétique, Greenpeace démontre que les
renouvelables, associées à une meilleure efficacité, peuvent
satisfaire la moitié des besoins énergétiques mondiaux d’ici à
2050.

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« Violations aux règles de sûreté » (PDF)

Décharger le rapport « [R]évolution
énergétique » (PDF)

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« [R]évolution énergétique »