Suite aux nombreuses actions menées depuis des semaines par Greenpeace contre le projet d’exploration pétrolière de l’entreprise Cairn Energy dans la région Arctique, la compagnie pétrolière avait décidé d’utiliser l’arme judiciaire contre Greenpeace pour empêcher l’organisation de continuer à bloquer le forage et la plateforme Leiv Eirickson, mastodonte de 53’000 tonnes. Cairn avait réclamé à la justice Hollandaise, Greenpeace International et la flotte de Greenpeace étant basées en Hollande, une injonction contre Greenpeace, c’est-à-dire que l’organisation soit frappée d’une amende de 2,5 millions de francs suisses à chaque nouveau jour de blocage.


L’Esperanza à l’approche de la plate-forme de forage Leiv Eiriksson appartenant à Cairn Energy. ©Greenpeace/Rezac

Après plusieurs jours de débats, le juge hollandais a rendu sa décision hier jeudi en fin d’après-midi: et s’il a validé l’injonction demandé par Cairn, il a fortement réduit sa portée en menaçant Greenpeace de CHF 60’000.- d’amende dès qu’un militant s’approcherait à moins de 500 mètres de la plateforme de forage Leiv Eirikson (le total des amendes ne pouvant excéder 1,2 millions de francs suisses). Mais il a aussi déclaré que « les craintes du public quant aux risques de tels forages sont réelles » et souligné que la campagne de Greenpeace a permis enfin « d’attirer l’attention du grand public sur ces risques ».

Il a également demandé à la compagnie pourquoi elle ne rendait pas public son plan d’urgence détaillant toutes les mesures qu’elle déploierait en cas de marée noire, chose que réclame Greenpeace. L’avocat de Cairn a répondu ne pas savoir et a avancé ensuite que c’était sans doute parce que les autorités et la législation du Groenland n’autorisaient pas la publication de ce document. Après vérification auprès de sources juridiques, rien dans la loi groenlandaise ne pourrait justifier une telle interdiction.

Personne n’est donc en mesure de dire ce que compte faire la compagnie en cas de marée noire. En fait, comme Greenpeace et de nombreux experts le clament depuis des semaines, ce serait un désastre absolu. Aucune réponse, aucun plan ne serait en mesure de réparer les conséquences d’un accident pétrolier majeur dans cette région si fragile et si difficile d’accès, couverte par les glaces près de dix mois sur douze.

Injonction ou pas, le combat de Greenpeace pour stopper la ruée des groupes pétroliers sur l’Arctique continuera sur tous les fronts, en mer, sur terre, dans la rue ou dans les cours de justice.