Huit mois après le Tsunami qui a ravagé la centrale de Fukushima Daiichi, des signes inquiétants semblent indiquer qu’une réaction de fusion est à nouveau en cours dans le réacteur numéro 2. C’est en tout cas ce qu’a communiqué l’exploitant de la centrale, Tepco, lors d’une conférence de presse le 2 novembre dernier à Tokyo. L’entreprise espère reprendre le contrôle du réacteur en y injectant de l’acide borique.


La ville de Fukushima ©Greenpeace/Hayashi

 

Jusque là, rien ne semblait indiquer que la température, la pression ou la concentration de la radioactivité avait changé. Tepco a encore une fois essayé de minimiser la situation. Un représentant de la compagnie a affirmé à l’agence de presse japonaise Kyodo, que la situation n’était pas particulièrement critique. Il a même prétendu qu’une nouvelle réaction en chaîne n’aurait pas d’influence sur le calendrier prévu pour la stabilisation du réacteur.

Heinz Smital, Physicien spécialiste en physique atomique et expert en nucléaire auprès de Greenpeace, donne une toute autre analyse: « La réaction de fission spontanée observée ces derniers jours est très inquiétante. Apparemment, le cœur du réacteur est susceptible d’être victimes de nouvelles réactions en chaîne. L’état actuel du réacteur est donc bien plus imprévisible et dangereux qu’on ne le pensait. »

La première mesure d’urgence a été d’injecter de l’eau borée dans le réacteur.  Le bore est un excellent absorbant de neutrons, susceptible de ralentir voir même de stopper la réaction en chaîne. Pour cela il faut s’assurer que le mélange bore/eau soit envoyé à l’endroit exacte où se produit la fission.

Du xénon a été détecté dans le réacteur numéro 2. Les deux éléments Xe-133 et Xe-135 révèlent des réactions en chaîne très récentes, car ces gaz rares sont des marqueurs d’une fission nucléaire de l’uranium et leur période radioactive est très courte (9 heures pour le Xe-135 et 5 jours pour Xe-135). La présence de ces gaz ne peut donc s’expliquer que par une nouvelle réaction en chaîne. La mesure du xénon par spectroscopie gamma est une technique courante. Il est donc peu probable que cette récente découverte soit l’objet d’une erreur.

Le rayonnement élevé, la libération de substances radioactives et la chaleur résiduelle ne sont donc plus les seuls problèmes que les techniciens de Fukushima doivent affronter. On voit aujourd’hui que des fissions nucléaires sont susceptibles de démarrer à différents endroits de la centrale. La situation dans les réacteurs 1 et 3 est d’autant plus inquiétante qu’ils ne sont pas équipés d’instruments de mesures aussi précis que le numéro 2.
« Les ruines de Fukushima nous réservent encore beaucoup de mauvaises surprises pour l’avenir », déclare Heinz Smital. « Cette catastrophe doit nous servir de leçon et amener à une sortie rapide du nucléaire à l’échelle mondiale. »