L’Autorité de Sureté Nucléaire française (ASN) a rendu public son rapport sur les évaluations complémentaires de sûreté menées à la suite de l’accident de Fukushima. Ses conclusions sont pour le moins curieuses. D’un coté l’ASN assure « que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu’elle ne demande l’arrêt immédiat d’aucune d’entre elles ». Mais parallèlement elle indique que sur le seul périmètre inondation/séisme pris en compte, plusieurs milliards d’euros de travaux seront nécessaires pour que les installations nucléaires satisfassent ses exigences.


Le niveau de sécurité actuel des centrales nucléaires française est insuffisant. ©Greenpeace/Gleizes (Archives)

L’activité se maintiendra même dans les centrales vieillissantes de Fessenheim et du Bugey. On sait pourtant que dans les deux cas la résistance de ces installations aux tremblements de terre a été largement sous évaluée et qu’il s’agit des plus anciens réacteurs mis en services en France. Ces deux centrales sont situées à proximité des frontières de la Suisse, menaçant directement la population de notre pays en cas d’accident.

Le niveau de sécurité actuel des centrales nucléaires française est donc insuffisant, sans quoi l’ASN ne demanderait pas la réalisation rapide de travaux. Ajoutons que ce récent rapport ne prend en compte que les risques liés à des tremblements de terre et à des inondations. Or ces facteurs naturels sont loin d’être les seuls dangers menaçant les installations nucléaires. Intrusion humaine, chute d’avion, virus informatique: de nombreuses autres menaces rendent les sites nucléaires vulnérables. Greenpeace l’a encore prouvé le 5 décembre dernier en parvenant à s’introduire et à rester sur deux centrales et à atteindre le point le plus sensible: le bâtiment réacteur.

La question qui se pose alors est de savoir si les politiques souhaitent investir des milliards sur la sécurité des centrales. Faut-il continuer de soutenir une technologie polluante, dangereuse pour l’homme et de plus en plus couteuse plutôt que d’avoir enfin le courage de s’orienter vers les énergies renouvelables?

« Le gouvernement en place semble déjà avoir fait son choix: le ministre de l’Industrie vient d’annoncer une réunion avec les exploitants nucléaires lundi prochain pour définir concrètement le déroulement des travaux. L’État continue ainsi à développer sa politique énergétique rétrograde sans prendre en compte l’avis des Français. La France est en train de rater une opportunité industrielle et économique unique: la transition énergétique, créatrice de croissance et d’emplois », ajoute Sophia Majnoni, chargée de campagne Nucléaire pour Greenpeace France.

 

Note: Afin d’apporter une lecture critique de cet audit, Greenpeace France a commandé à deux experts indépendants une analyse qui sera rendue publique le 16 janvier lors d’une conférence de presse. Nous vous tiendrons informés de leurs conclusions.

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