Le 17 mai dernier, une lettre émanant du service juridique de Shell est arrivée au courrier de différents bureaux nationaux de Greenpeace, dont le bureau Suisse. Elle nous informe que Shell a déposé une injonction auprès de la cour fédérale de district d’Anchorage en Alaska qui a pour objet d’interdire à Greenpeace et à ses militants de mener des actions de protestation non violentes à proximité de ses navires de prospection pétrolière en Arctique. Les 450’000 courriels envoyés à Shell par des personnes du monde entier, et les différentes actions pacifiques des militants Greenpeace ont manifestement pris l’entreprise par surprise, et l’ont rendue nerveuse.


Mystérieuse lettre de Shell: « Chère Greenpeace, nous savons où vous vivez… » ©Greenpeace

Shell souhaite faire bien comprendre au monde entier qu’elle sortira les très gros moyens juridiques si Greenpeace continue ses actions en Arctique. Est-ce là un signe représentatif de la sérénité dont devraient faire preuve les dirigeants de cette entreprise, au moment où elle se prépare à réaliser l’une de ses campagnes de prospection les plus risquées au large de l’Alaska?

Shell veut empêcher les militants Greenpeace de réaliser des actions pacifiques à proximité de leurs installations car celles-ci remettent en question le droit de l’entreprise d’exploiter le pétrole de l’Arctique sur le territoire américain, ainsi que le travail de préparation qui a pris plusieurs années et les investissements consentis qui s’élèvent à près de 4 milliards de US$.

On peut se demander à quoi ont servi ces travaux préliminaires alors que la compagnie n’est pas en mesure de déterminer combien de pétrole pourrait s’écouler de l’un de ses puits en cas de catastrophe.  Elle n’a même pas cherché à savoir si son matériel de nettoyage et de récupération de pétrole fonctionnait dans une mer couverte de glaces ni combien pourrait lui coûter une marée noire dans l’Arctique.

L’entreprise dénonce aussi le risque que ces actions font courir à ses employés, aux militants et, détail piquant, à l’environnement.  Si nous nous opposons aux forages pétroliers en Arctique c’est bel et bien parce que les compagnies pétrolières sont incapables de maîtriser entièrement la sécurité des plateformes de forage, comme le démontre le récent incident survenu sur la plateforme Elgin Franklin. Dans le contexte de l’arctique le moindre incident peut prendre des dimensions catastrophiques. La lettre de Shell ne fait que confirmer ce que nous disons depuis des années.

Et pendant que le service juridique de Shell lutte contre la liberté d’expression et le droit de protester, ses navires sont en route vers leur destination finale. Si le calendrier est respecté, Shell commencera ses forages dans moins de deux mois. Transformant les paysages immaculés des côtes de l’Alaska en friches industrielles. Il n’y a donc aucune raison de stopper notre action!

Fiche: « 10 bonnes raisons de ne pas forer en Arctique »
Lettre de Shell adressée à Greenpeace Suisse