Quel était véritablement le but des « stresstests » menés sur les centrales nucléaires des pays européens, suite à la catastrophe de Fukushima? Vérifier la sécurité des installations nucléaires ? Ou restaurer une confiance brisée par l’accident japonais? Selon une récente étude de Greenpeace, il s’agissait essentiellement de rassurer.


©Greenpeace/De Mildt

Un processus complet, des critères clairs et vérifiables et une contrôle indépendant des résultats: les centrales européennes n’avaient qu’à bien se tenir. On ne laisserait rien passer. Et qui ne passe pas le test, éteint son réacteur. Au final tout le monde a réussi le test. Etonnant non?

Pas vraiment. Greenpeace a regardé plus précisément et a compris comment on en arrive à un tel résultat. C’est simple. Si on évite de poser les questions difficiles et désagréables, tous les réacteurs ont leur chance. Le vieillissement des composants? Pas pris en considération. Attaques terroristes, sabotage, crash d’avions? Pas étudiés. La qualité des plans d’évacuation? Cela n’entre pas dans les critères de sécurité. Même la possibilité d’une combinaison de ces facteurs, qui est la cause de la catastrophe de Fukushima et l’un des principaux motifs justifiant la réalisation des stresstests n’a finalement pas été prise en compte.

On ne s’étonne donc pas de voir les trois plus anciens réacteurs suisses passer leur test haut la main. À Mühleberg, on ne s’est par exemple pas préoccupé du fait que le barrage situé en amont de la centrale pourrait se briser sous l’effet d’un tremblement de terre et ainsi l’inonder et causer l’arrêt du système de refroidissement. Un risque similaire existe d’ailleurs à Fessenheim, à proximité de la frontière suisse, et là également le test ne le prend pas en compte. Alors que la centrale est construite en pleine zone sismique.

Finalement, même lorsqu’il s’agit de rassurer, l’industrie nucléaire ne sait pas s’y prendre. Un test qui ne pose pas les questions gênantes ne peut que renforcer la méfiance de la population. A raison d’ailleurs: le fait que de nombreuses centrales n’auraient pas passé le test si celui-ci avait été complet est un secret de polichinelle. Un an et demi après la catastrophe de Fukushima il est inquiétant de voir à quel point les autorités de contrôle et les exploitants de centrales n’en ont tiré aucune leçon.