En mars dernier, de nouvelles semences OGM ont en effet été autorisées par le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles du Mexique. Rappelons que déjà 35 permis ont été octroyés pour la culture du soya, 191 pour la culture du coton, 17 pour le blé et 158 pour le maïs OGM. Avec l’arrivée massive du maïs OGM et des pesticides qui lui sont associés, c’est plus de 70 variétés de maïs qui risquent de disparaitre.


Le cas mexicain n’est qu’un des nombreux exemples des conséquences des OGM. ©Greenpeace/Rocha

À cause des vents, des insectes et animaux qui transportent le pollen, les cultures OGM s’imposent au Mexique. En résulte une perte incroyable de biodiversité et donc des cultures traditionnelles. Cette disparition accélérée des variétés indigènes participe à la création d’un monopole des cultures OGM, dont les royautés sur les semences sont détenus par les grandes multinationales semencières comme Monsanto, éliminant ainsi progressivement l’agriculture traditionnelle et ancestrale des paysans qui ne peuvent se payer ces semences.

L’arrivée des OGM au Mexique représente donc non seulement une perte de biodiversité mais également un changement profond dans le tissu social rural. En effet, si les cultures des paysans sont contaminées, ceux-ci devront cultiver les OGM et payer des redevances aux compagnies auxquelles appartiennent ces semences parce qu’ils n’en seront plus propriétaires. Comme l’a affirmé Olivier de Schutter, Rapporteur spécial à l’ONU sur le droit à l’alimentation, les cultures OGM engendrent une augmentation des prix et rendent les agriculteurs dépendants des grands multinationales comme Monsanto.

Depuis l’arrivée des OGM, on constate une plus grande résistance des mauvaises herbes aux pesticides, ce qui force les agriculteurs à en augmenter l’utilisation. Mais les multinationales ne sont pas en reste. Pour pallier à ce problème grandissant, elles travaillent à créer des pesticides plus puissants. Allié à l’utilisation croissante des pesticides, cela représente une véritable bombe à retardement pour l’agriculture, car en plus de contaminer les sols et les nappes phréatiques, en éliminant les mauvaises herbes, ces puissants pesticides éliminent également les précieux insectes pollinisateurs. En effet, les abeilles sont parmi les premières victimes des cultures OGM. Et quand elle ne meurent pas tout simplement, le miel qu’elles fabriquent est contaminé aux OGM.

Une des conséquences inatendues de l’introduction des OGM se trouve d’ailleurs être liée aux exportations de miel et pose énormément de problèmes aux apiculteurs de la péninsule du Yucatan. En effet, depuis que l’Europe a mis en place, en septembre 2011, l’étiquetage obligatoire des OGM sur les produits de base tels que le miel par exemple, les consommateurs européens privilégient maintenant les produits ne comportant pas d’OGM. On peut donc déduire que les OGM sont responsables de la faillite de milliers de familles qui dépendaient des exportations de miel vers l’Europe . Ce cas de figure est bien connu au Canada où le gouvernement souhaite autoriser les semences transgéniques de blé, ce qui risque de nuire considérablement aux producteurs de blé canadiens dont 70 % de la production est vouée à l’exportation, dont une bonne partie vers l’Europe.

En 2009, l’émission « A Bon Entendeur » de la Radio Télévision Suisse (RTS)  avait effectué des contrôles de qualité du miel. Sur 22 miels suisses et étrangers, six pots de miel étranger contenaient des traces de pollens transgéniques, contrairement au miel suisse qui en est exempt. Ces pollens provenaient de cultures de maïs, de colza ou de soja. Les plantes transgéniques contaminent régulièrement les semences, cultures et aliments conventionnels. Les sources de contamination sont la récolte, le transport ou la transformation des produits, mais aussi le vent et les abeilles qui peuvent transporter les pollens sur des kilomètres.

Pour que le miel suisse reste un produit naturel, des décisions politiques claires s’imposent. Une pétition nationale pour la sauvegarde des abeilles a été lancée en février 2012 pour exiger un moratoire de 10 ans sur certains herbicides qui affaiblissent, voire tuent les insectes. Rappelons que 35% de la production mondiale de denrées alimentaires dépend des activités des abeilles, essentielles pour la pollinisation.

Divers pays européens connaissent d’ores et déjà une interdiction de la culture du maïs transgénique. En Suisse, le débat sur les cultures transgéniques aura lieu jusqu’en novembre 2013, date de la fin du moratoire. Greenpeace appelle le secteur du commerce alimentaire à renforcer ses dispositifs de contrôle et à n’offrir plus que du miel exempt d’OGM.

Etude: « Nos tartines contaminées »
Pétition: « Protégeons les abeilles »