Les Forces Motrices Bernoises (FMB) souhaitent à tout prix continuer à exploiter la centrale nucléaire de Mühleberg jusqu’en 2022. Le 14 août dernier l’entreprise annonçait son intention d’investir plus de 170 millions de CHF pour réaliser des travaux de maintenance en plus des quelque 20 millions de francs à dépenser chaque année pour les frais d’entretien. Maintenir Mühleberg en vie pendant les 10 prochaines années coûtera donc la bagatelle de 370 millions de francs.


Maintenir Mühleberg en vie pendant les 10 prochaines années coûtera donc la bagatelle de 370 millions de francs. ©Greenpeace/Schmutz

Il n’y rien de bien nouveau dans les mesures annoncées le 14 août par les FMB. En mars dernier, l’entreprise avait déjà déclaré vouloir maintenir l’activité de sa chaudière usée coûte que coûte.  A l’époque, on savait déjà que les travaux prévus seraient largement insuffisants pour garantir la sécurité de la population et de l’environnement. On sait depuis longtemps que le manteau  du réacteur présente des fissures longues de plusieurs mètres. Les FMB espèrent le stabiliser par la pose de tirants d’ancrage, alors que seul son remplacement est à même de sécuriser l’installation. Mais il s’agit là d’une opération nettement plus onéreuse.

L’annonce du 14 août dernier survient dans un contexte particulier. Des mesures aux ultrasons ont récemment permis de détecter des fissures sur les cuves de deux réacteurs belges, respectivement le réacteur numéro 3 de la centrale de Doel  et le réacteur numéro 2 de la centrale de Tihange.  Ces déficiences sont tellement graves que le directeur de l’Agence fédérale belge de contrôle nucléaire (AFCN) a été contraint d’annoncer vendredi 10 août dernier la probable mise à l’arrêt définitive des 2 réacteurs incriminés. Une attitude plutôt sage, tant la solidité de ces cuves est importante pour la sécurité de ces installations.

La cuve du réacteur de Mühleberg est faite du même matériau que les deux réacteurs belges et provient également du même fournisseur que ces derniers. Les informations venues de Belgique devraient donc valoir leur lot de sueurs froides aux responsables des FMB. Ajoutons le fait que fin juillet le Tribunal administratif fédéral a à nouveau donné raison aux habitants des environs de Mühleberg, obligeant le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) à évaluer lui-même la sécurité de la centrale dans le cadre du renouvèllement de l’autorisation d’exploitation. Mais il en faut plus pour effrayer les FMB dont l’attitude reste imperturbable.

Les mesures annoncées le 14 août ne répondent pas à ces nouveaux problèmes et ne règlent pas les défaillances connues de longue date. L’argent dépensé pour ces travaux ne permettra pas de garantir la sécurité de la population suisse. C’est un acharnement particulièrement coûteux et potentiellement dangereux que de vouloir maintenir l’activité de cette centrale pour les 10 prochaines années. Les FMB seraient bien mieux inspirées de la démanteler et d’investir cet argent dans le développement des énergies renouvelables qui, elles, sont de véritables solutions d’avenir.