Ce matin, le comité d’enquête russe a informé Greenpeace International qu’il annule l’arrestation de l’Arctic Sunrise détenu à Mourmansk depuis septembre 2013 suite à une compagne de protestation contre les forages pétroliers dans l’Arctique.


L’Arctic Sunrise dans la mer de Barents. ©Greenpeace/Rose (Archives)

Greenpeace se réjouit de cette nouvelle, mais réaffirme que l’arraisonnement du bateau était illégal selon le droit international. A l’annonce de cette nouvelle, Kumi Naidoo, le directeur exécutif de Greenpeace International, a déclaré: « Des millions de personnes se sont déclarées opposées à la détention illégale des 30 de l’Arctique et aujourd’hui, le dernier membre du groupe est libre de rentrer chez lui. Notre bateau a été arraisonné dans les eaux internationales lors d’une protestation parfaitement pacifique contre les forages pétroliers dans l’Arctique. Il n’y avait absolument aucune justification d’arraisonner ce bateau ni de le détenir pendant huit mois.

« Toute cette affaire était une tentative effrontée d’intimider ceux qui pensent qu’il est irresponsable et dangereux de forer pour du pétrole dans un Arctique qui est en train de fondre. Après des mois sans entretien approprié, notre bateau nécessitera des réparations attentives, il en ressortira meilleur et plus fort, comme notre campagne pour la protection de l’Arctique. »

Récemment, le comité d’enquête russe a prolongé de deux mois ses investigations sur les protestations contre la plateforme de forage Prirazlomnaya, soit jusqu’au 24 juillet 2014. Des avocats mandatés par Greenpeace International ont toutefois été informés par surprise de la libération inattendue du bateau durant une réunion ce matin dans la ville portuaire de Mourmansk.  Le bateau devrait pouvoir quitter la Russie dans les prochains. Les avocats de Greenpeace ont aussi été informés que les investigations continueront dans le but d’examiner les équipements trouvés sur le bateau.

« Notre principale priorité est maintenant de faire examiner le bateau par une instance d’audit indépendante pour évaluer les dégâts subis depuis son arraisonnement par les agents russes le 19 septembre 2013. Nous demanderons aussi aux autorités russes de continuer à garder le bateau jusqu’à ce que notre équipage puisse venir le prendre en charge, » a déclaré Daniel Simons, conseiller légal de Greenpeace International.

Dans les huit mois qui se sont déroulés depuis l’action, Greenpeace a continué de faire campagne sur toute la planète contre les forages pétroliers dans l’Arctique ; la plus récente de ces actions s’est déroulée la semaine dernière lorsque des militant-e-s ont occupé pendant plus de 48 heures en Mer de Barents une plateforme pétrolière louée par Statoil. En même temps, d’autres militant-e-s Greenpeace ont bloqué une autre plateforme de Gazprom, la GSP Jupiter, qui s’apprêtait à quitter le port néerlandais de Ijmuiden pour aller forer dans l’Arctique russe.

Kumi Naidoo, qui avait lui-même protesté contre la plateforme Prirazlomnaya en 2012, poursuit: « Nous continuerons à nous s’opposer à toute compagnie pétrolière que essaiera de forer dans l’Océan glacial arctique. » Alors que l’atmosphère se réchauffe et que les glaces fondent, c’est une bataille décisive pour notre époque et nous sommes déterminés à la gagner. »


L’Arctic Sunrise était utilisé comme bateau logistique durant une action de protestation contre la plateforme Prirazlomnaya le 18 septembre 2013. Deux grimpeurs avaient essayé de suspendre une banderole avec l’inscription « Save the Arctic » sur les flancs de la plateforme avant que des gardes-côtes russes tirent des coups de semonce dans l’eau à côté d’eux et les forcent à redescendre de leurs cordes. Le lendemain, l’Arctic Sunrise a été arraisonné par un hélicoptère et remorqué à Mourmansk. Les 28 militant-e-s et les deux journalistes indépendants qui se trouvaient à bord ont été arrêtés et inculpés de piraterie puis d’hooliganisme. Les 30 de l’Arctique ont été libérés le 27 décembre 2013 après l’adoption d’une loi d’amnistie par le Parlement russe.

Le 22 novembre 2013, le Tribunal international du droit de la mer a ordonné à la Russie de libérer immédiatement le bateau contre le dépôt d’une caution de plus de CHF 4,2 millions par les Pays-Bas. La caution a été déposée le 2 décembre.