Le gouvernement australien vient de donner son feu vert au développement de la mine de charbon de Carmichael dans le Queensland par la compagnie indienne Adani. Le 17 juillet dernier déjà, la Chambre haute du Parlement décidait de supprimer la taxe carbone introduite il y a 2 ans par le gouvernement précédent.


La grande barrière de corail est le plus grand récif corallien du monde, mais a déjà perdu la moitié de sa surface coralliaire ces dernières années. ©Greenpeace/Jew

Ce n’est pas une surprise. Tony Abbot, premier ministre du pays depuis septembre 2013, n’a jamais été convaincu par la nécessité de protéger le climat et de développer des alternatives aux énergies fossiles, qualifiant par le passé de « sottises absolues » les études attribuant le réchauffement climatique à l’activité humaine. Ces deux décrets constituent  les derniers épisodes dans une longue série de décision visant à détruire la politique environnementale mise en place par le gouvernement précédent.

L’Australie était le seul État signataire du Protocole de Kyoto, avec les États-Unis, à avoir refusé de le ratifier. Cela avait changé en 2007, avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement plus progressiste en matière d’environnement et de protection du climat. Dans la foulée, de nombreuses mesures ont été prises, destinées à développer les énergies renouvelables, améliorer l’efficience énergétique et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Malheureusement cette nouvelle orientation dans la politique du pays ne plait pas aux producteurs de charbon.

Premier exportateur de charbon de la planète, l’Australie possède des réserves gigantesques. C’est le second plus important produit d’exportation du pays, et plusieurs mines géantes sont prévues qui pourraient doubler la production nationale dans les années à venir. Parmi ces mines il y a celle de Carmichael appelée à devenir la plus grande d’Australie, et une des plus imposantes au monde.  

La mine de Carmichael produira environ 60 millions de tonnes de houille  par année. La totalité de cette production est destinée à l’exportation vers l’Inde où elle sera utilisée pour produire de l’électricité. Une activité qui entrainera l’émission  de 130 millions de tonnes de CO2 chaque année. En comparaison, en 2011, les émissions de CO2 de la Suisse s’élevaient à 41,84 millions de tonnes. La seule voie permettant de sortir ce charbon d’Australie passe par la mer, située à 500 kilomètres du site de la mine.

Pour transporter ce charbon jusqu’en Inde, 450 navires traverseront chaque année la Grande barrière de corail. Ils partiront d’un nouveau terminal spécial dans le port d’Abbott, qui doit encore être construit. Pour ce faire, Adani draguera 5 millions de tonnes de sédiments, qu’elle déposera dans le parc naturel de la Grande barrière de corail. Cette merveille de la nature, considérée comme la plus grande structure vivante au monde, a déjà perdu la moitié de sa surface coralliaire depuis 1985. La menace que fait peser l’essor des exportations de charbon est bien réelle, car Carmichael pourrait ouvrir la voie à d’autres projets similaires.

Ajoutons que l’activité de la mine exige de gigantesques quantités d’eau, dans une région agricole déjà très sèche, et entraîne de nombreuses autres formes de pollution aux dépens de la qualité de vie de la population locale. C’est un projet insensé pour un pays qui subit depuis des années les conséquences du réchauffement climatique. Les vagues de chaleur et les incendies se multiplient faisant des centaines de victimes directes. Le prix des denrées alimentaires de base prend l’ascenseur, et certains craignent déjà que l’Australie devienne importateur de blé d’ici à 2050. Autant de signaux d’alarme auxquels le gouvernement reste sourd. Pourtant, d’autres acteurs font preuve de plus de pragmatisme et de prudence. Les banques HSBC et Deutsche Bank se sont toutes les deux retirées du projet de Carmichael, craignant pour leur réputation.

Greenpeace Australie ne baisse pas les bras suite au feu vert donné par le gouvernement à la mine de Carmichael. Pour aboutir, ce projet minier devra obtenir le soutien d’une des grandes banques australiennes. Greenpeace a déjà pris l’engagement de s’assurer que la population sache laquelle de ces banques participe à la destruction de la Grande barrière de corail. Vous pouvez soutenir nos collègues australiens en vous rendant sur www.savethereef.org.au (en anglais) et en le partageant avec vos proches.