Le 24 septembre, la Cour suprême a annulé 214 concessions de mines de charbon attribuées entre 1993 et 2009 par différents gouvernements indiens. 168 d’entre elles devront cesser leurs activités. Pour Greenpeace, il s’agit d’une victoire pour l’environnement et la population. Cet arrêt de la cour pourrait signifier la fin du charbon à bas prix en Inde. Cette forme d’énergie ne devrait plus être considérée comme le moteur de la croissance économique du pays.


22.01.2014: des militants Greenpeace manifestent devant le siège du Groupe Essarr à Mumbai (Inde). ©Greenpeace/Malhotra

En 2012, la Cour des comptes indienne avait dénoncé un marché de dupe qui remonte au plus haut niveau de l’état. Les différents gouvernements concernés sous évaluaient la valeur des mines afin de permettre aux entreprises exploitantes de dégager artificiellement des bénéfices. Le gouvernement actuel a promis de réformer le système d’attribution des licences et de le rendre plus transparent. Il est à espérer que cette évolution forcera l’industrie charbonnière à couvrir le coût des externalités négatives de ses activités.

L’Inde est le troisième producteur mondial de charbon. Cette ressource couvre 70% des besoins en électricité du pays. Mais malgré ses réserves, le pays doit régulièrement affronter des pénuries qui se transforment en coupure de courant. A cause de sa dépendance au charbon, l’Inde doit en importer de grosses quantités d’Australie, d’Afrique du Sud et d’Indonésie.

Parmi les concessions ainsi annulées, on retrouve deux projets de mines à ciel ouvert prévus dans la région du Madhya Pradesh, et dont l’activité menace directement les habitants de plus d’une cinquantaine de villages. Greenpeace lutte depuis des années contre les entreprises Essar et Hindalco qui souhaitent y extraire du charbon. Une telle activité mettrait en péril cette région forestière où près de 15’000 habitants trouvent leurs moyens d’existence.

« Cette décision est un signal que l’actuel gouvernement, venu au pouvoir en promettant de lutter contre la corruption et pour le maintien de la croissance économique, ne pourra pas ignorer », déclare Vinuta Gopal, chargée de campagne pour Greenpeace India. « C’est un message fort de la part de la plus haute autorité judiciaire adressé aux dirigeants et aux industriels. Les lois du pays ne peuvent pas être contournées ni ignorées! Les autorités du pays se trouvent face à un choix simple: développer un modèle économique durable et dans l’intérêt de la population ou s’accrocher coûte que coûte à un secteur énergétique sale, cher et marqué par la corruption. »