Lors d’une action non-violente menée en Espagne au large des îles Canaries samedi 15 novembre, des bateaux de la marine espagnole se sont violemment interposés entre les zodiacs Greenpeace et un navire de forage pétrolier de l’entreprise Repsol. Une militante Greenpeace a été hospitalisée et un autre légèrement blessé.


Les Canariens ne veulent pas d’une marée noire au large de leurs côtes. ©Greenpeace

Tôt le matin, des militants Greenpeace venus de plusieurs pays ont embarqués à bord de zodiacs partis de l’Arctic Sunrise. Ils ont tenté d’approcher le navire de forage Rowan Renaissance pour protester contre les projets de l’entreprise Repsol. Cette compagnie pétrolière espagnole envisage une campagne de prospection pétrolière au large des côtes de Fuerteventura et de Lanzarote, deux îles de l’archipel des Canaries qui vivent essentiellement du tourisme…

Alors que les militants se dirigeaient vers le navire de forage en déployant des banderoles « Non à l’exploration pétrolière. Oui aux renouvelables », ils ont été heurtés volontairement et à plusieurs reprises par trois canots de l’armée espagnole, partis du bateau patrouilleur Relámpago, posté dans la zone depuis vendredi.

A la suite d’une collision, l’une des militantes de nationalité italienne, Matilda, âgée de 23 ans est tombée à l’eau et s’est blessée. Elle a été transportée en urgence vers l’hôpital de las Palmas. Elle a une jambe cassée et a été opérée. Un second militant, légèrement blessé, a reçu des soins à bord de l’Arctic Sunrise. Il s’agit de la première campagne menée par ce navire depuis qu’il a été restitué à Greenpeace par les autorités russes il y a quelques mois.

Les projets de forage dangereux, entachés d’irrégularités, suscitent une opposition et une mobilisation au sein de la société civile. Rappelons que les Canaries vivent grâce au tourisme: les conséquences d’une marée noire dans cette région seraient catastrophiques pour l’environnement et pour l’économie. Le ‘Rowan Renaissance’, navire de Repsol, a déjà rencontré divers problèmes techniques lors d’autres opérations de forage exploratoire, au large de la Namibie.

De plus, le projet des Canaries n’est pas conforme aux exigences de plusieurs directives européennes. Greenpeace Espagne a d’ailleurs déposé une plainte auprès de la Commission européenne. À seulement 11 km de la zone de forage, on trouve plus d’un tiers des espèces de cétacés menacées de la planète, et de nombreuses autres espèces en danger.

L’opposition locale au projet est forte: la société civile canarienne dans son ensemble, le gouvernement et le Parlement des Îles Canaries ne veulent pas de ces forages.  Le potentiel en matière d’énergies renouvelables des îles est immense et générerait plus d’emplois. Mais le gouvernement espagnol soutient Repsol et fait tout pour que ces projets aboutissent: il a notamment retardé la procédure de classement du site concerné en « zone protégée » et en a réduit la délimitation pour permettre à la compagnie pétrolière d’y poursuivre ses activités.