A la veille d’une décision importante de la commission mixte paritaire, qui doit étudier l’opportunité d’un compromis entre les textes votés à l’Assemblée Nationale et au Sénat sur la loi de transition énergétique, une dizaine de militants Greenpeace ont déployé ce matin une banderole flottante de 100 m2 sur la Seine devant l’Assemblée nationale, rappelant à la majorité présidentielle l’engagement pris et répété de réduire la part du nucléaire à 50% d’ici 2025.


©Greenpeace

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La majorité présidentielle ne peut pas revenir sur les engagements de F. Hollande
A plus de 12 reprises, depuis les primaires socialistes de 2011, François Hollande a clamé haut et fort cette volonté de ramener la production d’électricité d’origine nucléaire à 50% en 2025. Le texte voté par la majorité socialiste et ses alliés à l’Assemblée nationale, sans être suffisant, rassemble autour d’un consensus les principales composantes de la société civile, et stipule cette échéance. Si elle disparait de la loi de transition énergétique, preuve sera faite que c’est bien le lobby du nucléaire qui fait la politique énergétique française. Greenpeace demande à la majorité présidentielle de maintenir l’engagement de réduire la part du nucléaire à 50% en 2025.

« Dans le contexte de 2015, où la France accueillera la conférence mondiale sur le climat, le Président ne peut arriver sans crédibilité, en ayant bafoué des engagements de campagne, et les mains vides en termes de réalisations pour la transition énergétique sur son propre territoire. », souligne Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie à Greenpeace.

Sans l’échéance de 2025, il n’y aura pas d’Energies Renouvelables en France
Pour développer les renouvelables, la France doit maintenir un objectif clair et contraignant sur la réduction du nucléaire. Celui de 2025 garantira que la question de la rationalité économique d’une prolongation de durée d’exploitation des réacteurs au-delà de l’âge maximal de 40 ans soit systématiquement posée. Ainsi nous pourrons faire le choix d’exploiter le gisement d’efficacité énergétique et d’investir dans les renouvelables, des technologies jusqu’à deux fois moins coûteuses, et créatrices d’emplois. Reculer cette échéance de 5 ans, conduirait au contraire à valider sans évaluation préalable des investissements lourds dans le nucléaire, et stopperait à nouveau le développement des énergies solaires et éoliennes. Dans ce cas, le mandat de François Hollande resterait vierge sur les questions énergétiques.

« Les producteurs de renouvelables, les industriels, les collectivités territoriales, des syndicats sont prêts, eux, à passer aux actes » analyse Cyrille Cormier. « Au-delà du processus législatif, respecter ces engagements c’est aussi passer aux réalisations qui permettront d’atteindre les 27% de renouvelables en 2020 dans le mix électrique, objectif que s’est fixé François Hollande. Pour cela, il faut passer à l’action maintenant, et sous 18 mois, raccorder 2,5 GW d’éolien terrestre, soit 1000 éoliennes, et autant de solaire. »

La difficile concrétisation de la sortie du nucléaire
Passer des promesses à des décisions contraignantes reste un pas difficile au regard du poids de l’industrie nucléaire auprès des décideurs politiques. En Suisse également, l’annonce de la sortie du nucléaire faite par le Conseil Fédéral en 2011 peine à trouver sa concrétisation. Lors de la session parlementaire d’hiver 2014, le Conseil national a échoué à définir un plan clair pour la fin de l’activité des centrales nucléaires suisses. Même l’idée d’imposer une sécurité croissante n’avait pas passé la rampe. En France comme en Suisse, le fait de fixer une date butoir contraignante pour la fin de service des installations nucléaires est extrêmement important. Cela permet de réduire les risques et de planifier à l’avance la mise à l’arrêt des réacteurs. De plus, cela offre une sécurité d’investissement pour les nouvelles technologies énergétiques, appelées à prendre le relais des énergies sales.