Lundi 13 avril dernier, se tenait à Tokyo le Forum de l’industrie atomique du Japon (JAIF). Les 900 personnes présentes ont pu entendre le président de cette institution annoncer que 2015 marquerait la fin de la période sans nucléaire pour le pays. Pourtant,  le lendemain, le tribunal de district de Fukui jugeait les réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama inapte à un redémarrage. Cette décision donne raison aux habitants de la région qui s’inquiètent de la relance de ces réacteurs et contredit l’autorité de régulation du nucléaire (NRA) qui avait donné son accord pour le redémarrage de ces réacteurs.

L'Arctic Sunrise devant la centrale de Takahama, lors d'une action de protestation contre des transport de plutonium en 2002.

« Cette décision importante démontre qu’il est possible de bloquer l’agenda pro-nucléaire du gouvernement et de l’industrie. Les exploitants de centrales nucléaires, qui font face à un endettement colossal, poussent de toutes leurs forces pour imposer la relance de leurs installations à n’importe quel prix. Et ce, même si ces réacteurs présentent des défauts de sécurité majeurs et que nombre d’entre eux approchent la fin de leur durée de service. Ce verdict est un véritable revers pour une industrie du nucléaire en crise », déclare Hisayo Takada, chargée de campagne pour Greenpeace Japon.

La cour a donc pris en compte les éléments à charge que des citoyens concernés ont mis en avant dans leur recours. Ceux-ci démontrent que les réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama, exploitée par Kansai Electric (KEPCO), constituent une menace pour les millions d’habitants de la région de Fukui et du Kansai, qui inclut les villes de Kyoto, Kobe et Osaka. La plainte venue des citoyens concerne essentiellement la prise en compte insuffisante du risque sismique par KEPCO. La NRA avait approuvé les affirmations de KEPCO comme quoi ces réacteurs conçus il y a plusieurs décennies, et en service depuis plus de 30 ans, peuvent résister à un tremblement de terre majeur. Et comme pour tous les réacteurs du pays, les plans d’évacuation en cas d’accident grave sont totalement inadéquats.

« Le verdict de la cour de Fukui expose l’incapacité de la NRA à assurer la sécurité de la population. L’autorité de surveillance n’a pas évalué les plans pour la relance des réacteurs de Takahama de façon exhaustive. Elle a aujourd’hui l’occasion de revoir son approche en ce qui concerne le danger sismique. Si elle ne le fait pas elle risque fort de voir la confiance du public s’éroder un peu plus », déclare Hisayo Takada.

Un panel spécial du Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie définit en ce moment même le scénario énergétique du futur pour le Japon. Le but est de prévoir la part des différentes énergies dans le mix électrique du pays. « Nous vivons une période clef dans la définition de l’approvisionnement énergétique à long terme et ce verdict pourrait potentiellement contrecarrer les plans du gouvernement et ouvrir la voie vers de nouvelles capacités pour les renouvelables. Cette décision est un camouflet pour KEPCO et la NRA, mais elle constitue une grande victoire pour les habitants des régions de Fukui et du Kansai. C’est une victoire importante dans le combat pour l’indépendance énergétique du Japon », conclut Hisayo Takada.

Vous pouvez soutenir ce combat en signant cette pétition (Texte en anglais).

Mathias Schlegel est porte-parole Climat & Energie pour Greenpeace Suisse

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