Un événement inattendu est survenu mercredi soir. La compagnie pétrolière Shell a temporairement interrompu ses forages au large de l’Alaska, reconnaissant qu’il est impossible d’y agir de manière sécuritaire et laissant un an de répit aux habitants de la région.Cette firme, qui possède l’un des pires bilans au monde en matière d’environnement et de droits humains, met donc un terme à une comédie d’erreurs qui avait pourtant commencé dans la confiance la plus totale, si ce n’est dans l’arrogance, il y a plus d’un an. Une série d’accidents et des violations répétées aux règles de sécurité ont  démontré que la multinationale n’était pas prête à explorer l’Arctique. Nous pouvons en conclure qu’aucune autre compagnie ne le sera jamais, compte tenu des risques inhérents à cette région.

Un événement inattendu est survenu mercredi soir. La compagnie pétrolière Shell a temporairement interrompu ses forages au large de l’Alaska, reconnaissant qu’il est impossible d’y agir de manière sécuritaire et laissant un an de répit aux habitants de la région.

Cette firme, qui possède l’un des pires bilans au monde en matière d’environnement et de droits humains, met donc un terme à une comédie d’erreurs qui avait pourtant commencé dans la confiance la plus totale, si ce n’est dans l’arrogance, il y a plus d’un an. Une série d’accidents et des violations répétées aux règles de sécurité ont  démontré que la multinationale n’était pas prête à explorer l’Arctique. Nous pouvons en conclure qu’aucune autre compagnie ne le sera jamais, compte tenu des risques inhérents à cette région.

Le président Barack Obama, qui voulait en avoir le cœur net, a ordonné une enquête fédérale sur les forages de Shell le mois dernier. Avant même que le Département de l’Intérieur ne se prononce, la Garde côtière des États-Unis a révélé il y a une semaine que 16 violations aux règles de sécurité ont été recensées sur la plateforme de forage mobile qui s’est échouée le 31 décembre.

À la lumière de ces informations, nous croyons que le président Obama a les coudées franches. Il peut et doit rendre le moratoire de Shell permanent. Des millions de citoyens de tous les pays ont réclamé que Shell quitte l’Arctique. Des millions de citoyens ont exigé la création d’un sanctuaire marin dans les zones inhabitées entourant le pôle Nord. Mais en dépit de ses promesses d’excellence, Shell a mis en danger l’écosystème boréal sur une base quotidienne.

Compte tenu de l’enquête en cours et de l’impossibilité de réparer la plateforme accidentée avant l’été, les dirigeants de Shell se sont résignés à prendre la seule décision possible dans les circonstances. Ils ont mis un terme à leurs opérations avant qu’on ne les y oblige. Concrètement, ce moratoire permet aux communautés autochtones de pêcher, de chasser et de vivre sur leur territoire sans craindre une catastrophe. Il permet aux ours polaires d’élever leur oursons en paix et aux narvals de nager dans des eaux limpides.

Il permet également à notre mouvement de regrouper ses forces afin d’obtenir une interdiction permanente des forages dans l’Arctique. Nous bénéficions maintenant d’une année complète pour faire pression sur les gouvernements et promouvoir un traité international qui bannira la pêche industrielle et les forages dans l’Arctique. Le moratoire d’une seule entreprise est insuffisant; nous voulons une protection permanente qui s’applique à toutes les compagnies.

Shell n’est pas la seule à convoiter les ressources de l’Arctique. La firme norvégienne Statoil a des visées sur tout l’océan Arctique occidental, de l’Alaska à la Norvège en passant par le Groenland. Cette firme a triplé son budget de recherche et de développement, et prévoit effectuer des forages sous des latitudes encore plus nordiques que ses concurrentes. Quant à la russe Gazprom, elle souhaite être la première à commercialiser le pétrole de l’Arctique, mais le mauvais état de ses installations et son plan d’urgence symbolique trahissent sa négligence. Rosneft et ExxonMobil ont pour leur part établi un partenariat afin d’explorer la lointaine mer de Kara.

Leurs forages conjoints, prévus pour l’année prochaine, pourraient coûter jusqu’à 500 milliards de dollars. ConocoPhillips vient tout juste de déposer son plan d’exploration au gouvernement américain, avec l’espoir d’effectuer des forages dans la mer des Tchouktches, située au nord du détroit de Béring, dès 2014. Enfin, le géant canadien Husky a jeté son dévolu sur la baie de Baffin, qui sépare le Canada du Groenland, et doit débuter ses forages plus tard cette année.

En mai 2012, Greenpeace a publié un rapport intitulé « Out in the Cold », qui analyse les innombrables risques financiers encourus par Shell et ses investisseurs dans cette aventure. Les principaux risques ont trait à la viabilité commerciale des opérations, qui pose problème en elle-même, ainsi qu’aux plans d’urgence inadéquats. Aucune compagnie n’a encore réussi à prouver qu’elle serait en mesure de nettoyer une marée noire dans les eaux tumultueuses de l’Arctique. Les incidents répétés survenus dans la mer des Tchouktches l’été dernier prouvent que ces risques sont bel et bien présents. Jusqu’à maintenant, Shell a dépensé cinq milliards de dollars dans l’Arctique mais son rendement sur capital investi demeure nul.

Malgré le moratoire décrété mercredi, la lutte continue et il est encore trop tôt pour crier victoire. Le mois prochain, des représentants autochtones, des célébrités et des militants de Greenpeace partiront en mission dans l’océan Arctique afin de planter un drapeau sur le fond marin du pôle Nord au nom de trois millions de sympathisants. Ce drapeau, dessiné par des jeunes, symbolise notre avenir collectif. L’Arctique est le bien commun de l’humanité et ne doit pas être laissé entre les mains d’un pays ou d’une entreprise en particulier.

À court terme, il est permis de pousser un soupir de soulagement, de prendre le temps de réfléchir et de nous moquer gentiment des déboires de Shell. Mais nous serons bientôt en première ligne pour exiger encore une fois la justice climatique, la paix mondiale et la mise en œuvre de solutions concrètes. Nous comptons sur votre appui.

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