Les grandes compagnies pétrolières ont jeté leur dévolu sur le pôle Nord. Un territoire particulièrement fragilisé qui n’a pas besoin de ce type d' »intérêt ». En effet, que l’on se trouve dans le Golfe du Mexique ou dans les sables bitumineux du Canada, dès qu’une compagnie pétrolière pointe le nez, l’environnement trinque.


Des militants ont passé l’été dernier 40 heures sur une plate-forme pétrolière de Cairn Energy.(Océan Arctique) ©Greenpeace/Rose

Cairn Energy est une des compagnies qui a mis le cap sur le Nord. La multinationale britannique envisage une série de forages au Groenland. Une opération qui pourrait se révéler particulièrement lucrative pour la compagnie et particulièrement destructrice pour l’environnement. Pour stopper les opérations de Cairn, l’Esperanza, un des bateaux de la flotte de Greenpeace, a mis le cap cet été sur le pôle Nord. L’équipage a réussi à se jouer de la vigilance de la marine danoise et plusieurs militants ont grimpé en haut d’une plate-forme pétrolière. L’occupation a duré quarante heures et s’est déroulée au beau milieu d’une mer glacée. Les activités de Cairn ont été arrêtées.

2011 risque bien de coïncider avec l’arrivée dans l’extrême nord de géants du pétrole comme Shell. Cet engouement s’explique par l’attrait de ces contrées lointaines où l’on trouve les derniers gisement de fioul. Les conditions climatiques particulières n’y changent rien. Des étendues gelées ne permettent pas d’envisager des forages tout au long de l’année. L’été est la seule courte saison où ces activités peuvent être organisées. Résultat des courses, des compagnies comme Cairn Energy se précipitent vers le pôle Nord pour y extraire du pétrole avant que la glace ne se reforme. Tant d’efforts pour tirer parti d’une réserve pétrolière qui dans trois ans sera visiblement épuisée… Tout cela illustre parfaitement où notre dépendance face aux énergies fossiles peut conduire.

Bien sûr, ce n’est pas en empoisonnant temporairement la vie de géants comme Cairn que l’on va sauver le pôle Nord. Les ours polaires qui en sont les locataires de droit peinent de plus en plus avec une glace qui fond sous les pattes. Le réchauffement climatique est en effet à l’œuvre dans cette région du monde. Si nous utilisons le pétrole jusqu’à sa dernière goutte, nous risquons une augmentation des températures de 4 à 6 degrés. Pour la calotte glacière, cela ne pardonne pas. La fonte des glaces s’y déroule déjà à une rythme sans précédent.

Est-ce que nous sommes prêts à tirer les leçons de la catastrophe pétrolière du Golfe du Mexique? Rien n’est moins sûr. Le Energy and Climate Change Committee (ECCC – comité pour l’énergie et le changement climatique) a récemment publié une étude sur la catastrophe de la plate-forme Deepwater Horizon. Il en ressort de nombreuses interrogations par rapport au travail de « copier-coller » qui a été fait pour colmater la brèche. Quelle est la place du principe de précaution? Comment le conjuguer à la volonté de continuer à faire tourner ce type de plate-forme? Et malgré tout cela, l’ECCC n’estime pas qu’un moratoire sur les nouveaux forages en mer soit réellement « nécessaire ». En d’autres termes, les compagnies pétrolières n’ont aucune idée sur la manière la plus judicieuse de colmater une brèche mais nous devrions leur faire confiance jusqu’à ce qu’elles trouvent une « solution »…

Inutile de préciser que des intérêts colossaux sont en jeu et qu’ils sont littéralement « dans le chemin » des énergies propres et renouvelables. Les compagnies pétrolières ne sont pas les seules à mener un lobby intense pour l’or noir. Les constructeurs automobiles sont également de la partie en mettant des bâtons dans les roues de ceux qui cherchent à imposer des normes de réductions drastiques pour le CO2 des voitures. Ce lobbying s’observe à des niveaux tant internationaux que nationaux.

Pour nous, 2011 sera véritablement une année placée sous le signe de l’opposition à ce lobby. Un plan ambitieux pour lequel nous avons résolument besoin de votre aide.