(Jakarta) Tard la nuit dernière, la Table ronde sur la production durable d’huile de palme (RSPO) a publié sur son site Internet une déclaration et trois lettres adressées à des sociétés du groupe Sinar Mas, le plus grand producteur indonésien d’huile de palme. Ces documents affirment que Sinar Mas a violé à plusieurs reprises les principes et les critères de la RSPO. Dans les lettres, la RSPO demande au groupe de prendre des mesures urgentes pour remédier à la situation, faute de quoi il s’exposerait à une possible expulsion.


Plantation de palmiers (Sumatra/Indonésie) ©Greenpeace/Novis (Archives)

Cette réprimande officielle de la RSPO confirme que le géant indonésien de l’huile de palme Sinar Mas a trompé ses clients et ses actionnaires. Le groupe prétend mener ses activités de manière responsable, mais il a violé à plusieurs reprises la loi indonésienne, les règles de la RSPO et même ses propres engagements en matière de développement durable. 

Greenpeace se félicite de l’avertissement finalement lancé par la RSPO à Sinar Mas et de la menace d’une éventuelle expulsion si le groupe ne met pas de l’ordre dans ses activités. Néanmoins, étant donné la gravité des allégations, la RSPO devrait immédiatement et publiquement suspendre l’adhésion des filiales de Sinar Mas et exclure le groupe s’il ne prend pas des mesures dans un délai de quatre semaines », a déclaré Bustar Maitar, responsable de la campagne Forêts pour Greenpeace en Indonésie.

Greenpeace est favorable à une industrie de l’huile de palme compatible avec le développement durable. Ses enquêtes ont néanmoins plusieurs fois montré que Sinar Mas ne gère pas ses activités de manière responsable, mais détruit la forêt tropicale humide et la tourbière en Indonésie. Un audit indépendant pourtant commandité par SMART, une filiale de Sinar Mas, a récemment confirmé ce constat. Il a conclu que le groupe:

  • a procédé au défrichage de tourbières profondes en violation de la loi indonésienne ;
  • a mené des activités sans posséder les permis environnementaux requis dans 8 des 11 concessions contrôlées ;
  • a violé les règles de la RSPO sur les forêts à haute valeur pour la conservation (HCV) dans 10 des 11 secteurs couverts par l’audit.

La Table ronde sur la production durable d’huile de palme (RSPO) a été fondée en 2004 pour tenter d’améliorer la viabilité écologique de l’industrie de l’huile de palme. Elle est composée de producteurs, de négociants et de transformateurs..

Dans les lettres, la RSPO demande également à la société Golden Agri Resources (GAR), qui n’est pas membre de la Table ronde, de ne plus dire à ses partenaires qu’elle est sur le point d’obtenir la certification RSPO et de ne plus prétendre publiquement qu’elle prévoit de devenir membre de la RSPO alors qu’elle n’a pas déposé de demande d’adhésion en ce sens. À ce jour, seules deux filiales directes de GAR, à savoir PT Smart et PT Ivo Mas, sont membres de la RSPO. L’entreprise n’est donc pas en position de faire de telles affirmations. 

Le groupe Sinar Mas est le plus grand producteur d’huile de palme et de papier en Indonésie. Il étend actuellement ses activités sur des zones forestières de Sumatra, du Kalimantan et de Papouasie, mettant en péril l’habitat d’espèces en voie de disparition comme l’orang-outan et le tigre de Sumatra. Plusieurs multinationales ont déjà dénoncé leurs contrats avec le groupe Sinar Mas en raison de son bilan environnemental. 

« Greenpeace demande aux autres entreprises, comme Cargill, de suivre l’exemple d’Unilever, Nestlé ou Kraft et d’annuler leurs contrats d’huile de palme avec Sinar Mas tant que le groupe n’aura pas mis un terme à la destruction de la forêt tropicale humide et des tourbières riches en carbone. Nous invitons aussi instamment le gouvernement indonésien à étendre son moratoire sur l’octroi de nouvelles concessions aux vastes zones de forêt tropicale humide déjà vouées à la destruction par les concessions existantes et à protéger les tourbières riches en carbone du pays », a déclaré Maitar.