Avec deux ans de retard, les résultats de la révision de la légalité des titres forestiers en République Démocratique du Congo (RDC), processus financé par la Banque Mondiale, ont été rendus publics. Lundi dernier, au cours d’une conférence de presse, le ministre de l’environnement, José Endundo, a annoncé que 46 des 156 titres forestiers soumis à la révision étaient éligibles pour la conversion en concessions légales. Pourtant, 33 de ces titres avaient été alloués après l’entrée en vigueur du moratoire de mai 2002, censé bloquer toute délivrance de nouvelle concession.


Dans le bassin du Congo, la deuxieme foret tropicale de la planete est plus que jamais en peril, resistant mal aux coups de butoirs de l’exploitation industrielle du bois. ©Greenpeace/Stok (Archives)

«Le fait que des titres attribués en violation
du code forestier soient maintenant légalisés constitue un
précédent très dangereux, qui n’incite pas les entreprises à
respecter à l’avenir les régulations et les obligations légales.»,
a déclaré Michelle Medeiros, Coordinatrice Forêts Africaines pour
Greenpeace International.

Dans un rapport publié aujourd’hui, Greenpeace révèle de grosses
défaillances dans le processus de révision des titres et alerte sur
le risque de voir redoubler l’exploitation forestière
destructrice.[2] Ce rapport dénonce l’absence de critères
d’évaluation rigoureux, le déficit d’informations fiables et
l’opacité générale du processus, qui risquent d’en faire une
véritable opération de blanchiment des titres obtenus
illégalement.

L’entreprise germano-suisse SIFORCO (filiale du Groupe Danzer)
et les filiales du groupe portugais NST, émergent comme les grands
gagnants de ce processus de révision. La plupart de leurs titres
ont été légalisés, y compris ceux qui ont été obtenus en violation
du moratoire de 2002 et du code forestier.

Greenpeace a documenté les conflits sociaux, omniprésents, dans
les régions où ces entreprises forestières disposent de
concessions. La violation des droits des communautés forestières
locales y sont la règle plutôt que l’exception. Alors qu’elles se
présentent comme aptes à la «certification durable» afin de
préserver leur marché à l’export, principalement européen, ces
entreprises exploitent en fait des forêts anciennes intactes,
riches en biodiversité. Elles en extraient d’importantes quantités
d’essences de bois protégées internationalement. M. Endundo a
également annoncé l’extension du moratoire actuel sur l’attribution
de nouveaux titres forestiers pour trois années
supplémentaires.

«C’est une annonce inattendue, qui nous permet d’espérer, et
donne le temps de trouver des alternatives à l’exploitation
forestière industrielle à grande échelle. Greenpeace salue cet
engagement, tout particulièrement à l’heure ou la lutte contre les
changements climatique est une priorité et que les scientifiques
s’accordent à dire qu’il faut protéger les forêts et non les
détruire» explique Michelle Medeiros. «Cependant, ce moratoire
n’est qu’une première étape. Sans efforts supplémentaires pour
faire appliquer la loi et contrôler ce qui se passe sur le terrain,
ce moratoire ne fera pas grand chose pour améliorer la gouvernance
forestière, qui est indispensable au regard des pratiques actuelles
du secteur forestier et du manque d’envergure du récent processus
de conversion des titres.

Décharger l’étude: « Exploitation forestière
en RDC »

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« Bassin du Congo »