L’Arctic Sunrise, l’un des trois navires de Greenpeace, a été pris à partie, encerclé, puis assailli par trois thoniers turcs dans le détroit de Chypre le vendredi 30 mai. L’équipage d’un des bateaux – qui est allé à la collision – s’est livré à un “caillassage” en lançant des fusées, des boulons et des plombs de lest de filets sur l’Arctic Sunrise. Aucun blessé n’est à déplorer, mais l’hélicoptère de l’ONG, de retour d’une mission de documentation sur la pêcherie, a été visé par les thoniers turcs. Sous les jets des pêcheurs, ses vitres ont volé en éclat, rendant l’hélicoptère totalement hors d’usage.


Depuis plusieurs jours, le navire de Greenpeace sillonne les eaux situées entre les côtes turques et l’île de Chypre pour dénoncer les activités de pêche non durables. ©Greenpeace/Parsons

Face à la violence de cette agression et aux
dégâts qui en ont résulté, le capitaine de l’Arctic Sunrise a
alerté les autorités maritimes turques qui ont envoyé sur zone une
unité de surveillance pour la suite de la mission de l’Arctic
Sunrise. «Une telle attaque en pleine mer est totalement
inacceptable et nous exigeons des armateurs qu’ils fassent rentrer
ces bateaux au port pour une enquête immédiate», a commenté Banu
Dokmecibasi, chargée de campagne Océans de Greenpeace Méditerranée,
présente à bord de l’Arctic Sunrise.

Depuis plusieurs jours, le navire de Greenpeace sillonne les
eaux situées entre les côtes turques et l’île de Chypre pour
dénoncer les activités de pêche non durables qui sévissent dans ce
secteur. Comme partout ailleurs dans le bassin méditerranéen, les
navires y sont en surcapacité de pêche, ce qui génère une surpêche
systématique qui a entraîné le stock de thon rouge au bord de
l’effondrement. Greenpeace exige des autorités turques la mise en
place de réserves marines, seul moyen de régénérer un écosystème
marin malmené par des décennies d’exploitation irresponsable des
ressources halieutiques.

«La Turquie dispose de plus de 450 senneurs de plus de 24
mètres, ce qui correspond à une capacité de capture supérieure au
total de pêche autorisé tous pays confondus (29’000 tonnes),
commente Stéphan Beaucher, responsable de la campagne Océans de
Greenpeace. Or le quota de 890 tonnes de thon rouge attribué à la
Turquie par l’ICCAT (Commission Internationale pour la Conservation
des Thonidés de l’Atlantique) ne représente qu’une infime partie de
ce potentiel de capture. Le fond du problème, c’est le refus
permanent des autorités de tutelles internationales et nationales
de réglementer une pêcherie qui, en pillant les mers, court à sa
propre perte.»