Genève, le 3 décembre 2018.

Sur toute la planète, de plus en plus d’assurances cessent d’assurer les entreprises actives dans le charbon, les mines de charbon et les centrales au charbon, et les excluent de leurs investissements. C’est ce que montre la dernière étude de la coalition Unfriend Coal dont Greenpeace fait partie. Swiss Re et Zurich Assurance y sont bien classées. C’est au tour des autres acteurs de la place financière suisse de suivre le mouvement de protection du climat, en particulier les grandes banques que sont Credit Suisse et UBS.

Pour limiter le réchauffement planétaire à 1.5°C, il faut réduire la consommation totale de charbon d’au moins deux tiers d’ici 2030 et à pratiquement zéro d’ici 2050 [1]. Les assurances jouent un rôle important dans le passage à une économie pauvre en émissions. Le rapport « The 2018 Scorecard on Insurance, Coal and Climate Change » publié aujourd’hui par la coalition Unfriend Coal (voir encadré), dont Greenpeace fait partie, montre que de plus en plus d’assureurs sont conscients de leur responsabilité en matière de réchauffement climatique :

  • Les quatre principaux assureurs primaires européens ont limité la couverture d’assurance de l’industrie du charbon.
  • Cette année, les réassureurs Swiss Re et Munich Re ont annoncé des restrictions sur l’assurance du charbon qui vont plus loin que celles du réassureur français SCOR.
  • Au moins 19 grandes assurances n’investissent plus dans le charbon.
  • Il n’en va pas de même des assureurs australiens, étasuniens et japonais qui continuent de soutenir une industrie qui attise le réchauffement climatique.

Swiss Re est en tête en matière de protection du climat
Le rapport d’Unfriend Coal contient une évaluation des 24 principales assurances en matière de protection du climat. Swiss Re est en tête avec les directives les plus complètes et n’assure plus les entreprises qui misent à plus de 30% sur le charbon. Ces directives sont valables pour les projets existants et ceux à venir et pour tous les domaines d’activité sur toute la planète. Swiss Re exclut aussi les entreprises qui font plus que 30% de leur chiffre d’affaires avec du charbon. Cet assureur obtient aussi de bonnes notes parce que ces directives ne concernent pas que le charbon, mais aussi les sables bitumineux et d’autres combustibles fossiles extrêmes. Zurich Assurance est en troisième place derrière l’italien Generali.

« Le premier rang de Swiss Re prouve que des instituts financiers suisses peuvent être mondialement en tête en matière de durabilité si elles prennent ce sujet au sérieux. Les autres acteurs de la place financière suisse doivent montrer la même ambition, » explique Katya Nikitenko, spécialiste finances chez Greenpeace Suisse. « Les bons classements de Swiss Re et Zurich Assurance ne doivent pas être des oreillers de paresse, car il y a encore une marge de progression. »

Les directives de Zurich limitent bien les assurances pour les nouveaux projets dans le domaine du charbon, mais pas pour les anciens, et seulement pour les entreprises actives dans le charbon qui y génèrent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires. La limite des 30% de Swiss Re ne suffit pas non plus. « Nous appelons ces deux assureurs à expliquer concrètement la façon dont ils entendent adapter leur modèle d’affaires et se préparer à une économie pauvre en carbone ces prochaines années. Les directives en matière de charbon doivent être renforcées et les relations avec les entreprises actives dans les sables bitumineux doivent être immédiatement interrompues, » revendique Katya Nikitenko.

UBS et Credit Suisse trainent lamentablement
Plus les assureurs agissent concrètement en faveur du climat, plus on questionne les déclarations publiques des grandes banques suisses qui se disent prendre les risques du changement climatique au sérieux et d’être conscientes de leurs responsabilités. Ni Credit Suisse ni UBS ne disposent de directives comprenant des critères d’exclusion pour l’industrie du charbon. « Nous les appelons à ne pas faire de promesses creuses et à au moins reprendre les directives de Swiss Re, » déclare Katya Nikitenko. « Il faut des mesures transparentes et efficaces pour limiter le réchauffement planétaire à 1.5°C. »

Plus d’informations :
Le rapport « The 2018 Scorecard on Insurance, Coal and Climate Change » (en anglais)
Le résumé du rapport en français

Contacts :
Katya Nikitenko, spécialiste finances chez Greenpeace Suisse, +41 79 937 63 83, [email protected] (en anglais)


Unfriend Coal est une coalition planétaire d’ONGs et d’un mouvement social en croissance. Cette coalition appelle les assurances à ne plus investir dans le charbon, à ne plus assurer les projets et les entreprises liés au charbon et à soutenir la transition vers les énergies renouvelables. Le rapport « The 2018 Scorecard on Insurance, Coal and Climate Change » est publié en collaboration par 350.org ; Center for International Environmental Law (USA) ; ClientEarth (UK) ; Consumer Watchdog (USA) ; Stiftung «Development YES – Open-Pit Mines NO» (Pologne) ; Ecologistas en Acción (Espagne) ; Friends of the Earth France ; Greenpeace ; Indigenous Environmental Network ; Market Forces (Australie) ; Rainforest Action Network (USA) ; Re:Common (Italie) ; Sunrise Project (Australie) ; Urgewald (Allemagne) ; Waterkeeper Alliance (USA).


Sources :
[1] Intergovernmental Panel on Climate Change, Global Warming of 1.5°C, October 2018.