A 11h30 ce matin, en plein centre ville de Chalon-sur-Saône, 25 militants de Greenpeace ont bloqué un camion transportant près de 150 kg de plutonium. Ils se sont enchaînés aux roues et à l’avant du camion et ont déployé des banderoles sur lesquelles est inscrit : « nucléaire = prolifération ». Ce camion en provenance de l’usine Areva/Cogema de La Hague (Manche), devait se rendre au site nucléaire de Marcoule (Gard). L’organisation écologiste entend ainsi dénoncer publiquement et pacifiquement ce trafic quasi-quotidien de quantités considérables de plutonium à travers toute la France. Ces transports de matières extrêmement dangereuses, ultra secrets et banalisés, doivent cesser, comme doit cesser l’industrie du plutonium, première source de prolifération d’armes atomiques.

Chalon-sur-Saône (France). Toutes les semaines,
généralement le lundi, le mardi et le mercredi, toujours à la même
heure et suivant exactement le même parcours, des camions,
transportant chacun l’équivalent d’une vingtaine de bombes
atomiques, quittent l’usine de La Hague à destination des usines de
Marcoule ou de Cadarache dans la vallée du Rhône. Ces transports
s’effectuent au mépris des populations et des élus locaux qui
ignorent tout de ce trafic sous contrôle du Haut-Commissaire de la
Défense. Un attentat ou un accident pourrait pourtant entraîner une
catastrophe sans précédent et contaminer des régions entières
pendant des décennies. En stoppant ce camion à quelques mètres de
l’entrée de la caserne militaire « Carnot », Greenpeace fait la
démonstration que la distinction que tente de faire l’industrie
nucléaire, ici Areva/Cogema, entre nucléaire « civil » et nucléaire
militaire n’est qu’un artifice de communication. Le nucléaire n’est
pas une industrie comme une autre, loin s’en faut. Le plutonium
sert d’abord des objectifs militaires, il a été inventé pour faire
des bombes atomiques et constituera toujours un risque énorme pour
les populations du monde. Le nucléaire civil n’existe pas. Le
fonctionnement même de cette industrie du plutonium repose sur ce
système militaire. L’utilisation par le régime nord-coréen de son
programme nucléaire « civil », d’origine américaine, pour fabriquer
des bombes atomiques avec lesquelles il menace aujourd’hui les
Etats-Unis est dramatiquement exemplaire. Cette action non violente
s’inscrit volontairement dans le contexte international de la crise
irakienne, dont l’un des enjeux majeurs est la prolifération
nucléaire. Le Président de la République refuse aujourd’hui avec
courage le bellicisme de l’administration Bush, en opposant une
logique du désarmement dans la paix à une logique de guerre aux
conséquences incertaines mais dramatiques. « Monsieur Chirac doit
maintenant aller plus loin dans la voie du droit et du désarmement.
Il doit prendre l’initiative d’une rupture dans les pratiques des
pays nucléarisés qui consistent, administration Bush en tête, à
fouler au pied les traités internationaux de désarmement comme le
Traité de non-prolifération nucléaire. Les membres permanents du
Conseil de Sécurité, principaux détenteurs d’armes de destruction
massive, seraient beaucoup mieux inspirés de mettre en ?uvre ces
traités immédiatement. Ce qui signifie arrêter de vendre à qui peut
payer des technologies dites civiles mais facilement
« militarisables » et mettre fin à l’industrie du plutonium,
intrinsèquement liée à la prolifération nucléaire » déclare Yannick
Rousselet, chargé de la campagne nucléaire à Greenpeace France. « Il
y a plus de plutonium dans le camion que Greenpeace vient de
bloquer que dans l’ensemble du Proche-Orient. L’irresponsabilité
des industriels du nucléaire comme Areva/Cogema est la première
source de prolifération d’armes atomiques. Il faut stopper la
prolifération à la source ! ». A la demande de Greenpeace, le
cabinet Wise Paris (World Information Service on Energy), a fait
une étude complète sur l’ensemble des transports liés à l’industrie
du plutonium. Le résultat est extrêmement alarmant : environ 90
transports totalisant près de 12 tonnes de plutonium sous forme de
poudre circulent en France chaque année. Sachant qu’il faut environ
8 kilos de cette matière pour faire une bombe atomique, c’est
l’équivalent de 1500 bombes qui circulent chaque année. Le cabinet
Wise a également évalué l’impact de différents scenari d’accidents
possibles qui seraient autant de catastrophes humaines et
environnementales. Afin d’assurer pleinement son rôle d’information
sur un secteur totalement opaque, Greenpeace a ouvert un site web
www.stop-plutonium.org, qui comprend toutes les informations sur
les transports de plutonium. Greenpeace considère qu’il est de sa
responsabilité de rendre ces informations publiques afin que ces
transports ultra dangereux cessent. Comme les internautes pourront
le constater, ces convois considérés par les pouvoirs publiques
comme ultra secrets, sont très peu protégés et un petit groupe de
militants écologistes a pu aisément les identifier, les observer,
les suivre et les photographier, sans être repéré. « La solution
pour éviter les risques de prolifération du nucléaire militaire ou
du terrorisme ainsi que les menaces terribles pour la santé des
populations et l’environnement est simple : il faut arrêter
immédiatement l’industrie du plutonium et ce trafic coûteux,
dangereux et inutile qu’elle génère » conclut Yannick Rousselet.

Visiter le site: www.stop-plutonium.org