Par sa décision d’aujourd’hui en faveur du centime climatique sur les carburants, le Conseil fédéral montre ouvertement que le lobby pétrolier tire les ficelles en matière de politique climatique. L’Alliance pour une politique climatique responsable, qui regroupe 1,8 millions de membres, dénonce la démission du Conseil fédéral. Au lieu de prendre à la racine le problème du gaspillage des énergies fossiles, la Suisse tourne le dos à une politique climatique crédible.

Berne (BE) Par sa décision
d’aujourd’hui en faveur du centime climatique sur les carburants,
le Conseil fédéral montre ouvertement que le lobby pétrolier tire
les ficelles en matière de politique climatique. L’Alliance pour
une politique climatique responsable, qui regroupe 1,8 millions de
membres, dénonce la démission du Conseil fédéral. Au lieu de
prendre à la racine le problème du gaspillage des énergies
fossiles, la Suisse tourne le dos à une politique climatique
crédible.

Depuis quelques années, une sorte d’unanimité s’était formée
autour de l’idée que l’échec des mesures librement consenties
impliquait l’introduction d’une taxe CO2 qui garantisse la
réalisation des objectifs climatiques. Voilà deux ans et demie,
alors que les limites des mesures volontaires apparaissaient de
manière toujours plus évidente, l’Union pétrolière a sorti de son
chapeau le centime climatique.

Ce dernier ajourne les mesures efficaces et crédibles permettant
de réduire les émissions de gaz à effet de serre en Suisse. A la
place, une taxe minimum (1 ct/litre) sur les carburants doit créer
le financement de base permettant l’achat de certificats d’émission
à l’étranger. Cette opération permet de respecter les impératifs de
réduction de manière purement comptable.

La capitulation du Conseil fédéral devant le lobby pétrolier a
de nombreuses conséquences négatives :

– Le problème central du recours trop élevé aux énergies
fossiles n’est pas pris à la racine. Le gaspillage de ces énergies
va pouvoir continuer.

– Le recours massif aux certificats étrangers en tant que
principal instrument du centime climatique n’entraîne pas une
protection du climat: Les projets déjà certifiés et le marché qui
se dessine le montrent clairement: les grands projets comportant
des effets négatifs sur le climat dominent le marché.

En raison de normes de qualité trop floues, même les mines de
charbon peuvent se réjouir de vendre des certificats.

– Pour la première fois, le Conseil fédéral ne suit pas une
recommandation de la commission de la concurrence (COCO): au lieu
de soucier du respect des bases légales, il crée un préjudice
inacceptable.

– Avec le rejet d’une taxe CO2 incitative, la dynamique
nécessaire à la protection du climat, mais aussi à l’économie, est
jetée par dessus bord : un bénéfice annuel des millions de francs
au plan socio-économique est perdu, ainsi que la création de
plusieurs milliers de places de travail, sans compter que chaque
année 1’800 personnes en Suisse décèdent en raison de la pollution
de l’air.

Avec sa décision d’aujourd’hui Conseil fédéral, autrefois
porteur d’espoir en matière de protection du climat, a perdu
considérablement en crédibilité.