Zurich (ZH) Les abeilles ne connaissent pas de frontières. Elles ont un rayon de butinage de plusieurs kilomètres et transportent le pollen de plantes transgéniques (génétiquement manipulées, GM) sur de grandes distances. Les apicultrices et apiculteurs, ainsi que Greenpeace, ont voulu montrer ce matin par un lâcher de ballons en forme d’abeilles que le miel suisse contiendra des résidus transgéniques si des cultures GM sont autorisées en Suisse.


La consultation sur la prétendue ordonnance de « coexistence » est actuellement en cours. Celle-ci suggère qu’un voisinage de culture GM et non-GM serait possibles. Un OUI le 27.11.2005 à l’initiative pour un moratoire sur les cultures GM peut efficacement empêcher que des produits agricoles suisses de qualité ne deviennent rapidement des produits agricoles GM.

En lâchant des milliers de ballons en forme d’abeilles, les apicultrices et apiculteurs suisses, ainsi que Greenpeace Suisse, préviennent que la culture de plantes GM menacerait la qualité de la mention « miel suisse » parce que les abeilles ne respectent pas de distances fixées. En parcourant leur énorme champ d’action, les abeilles butinent aussi des plantes GM, car elles ne distinguent pas les plantes non-GM des plantes GM. Si des agriculteurs suisses décidaient de cultiver des organismes génétiquement manipulés (OGM), le miel, comme les semences et les aliments conventionnels, sera contaminé par des transgènes.

Au Canada, où du colza GM est cultivé sur de grandes étendues, il n’y a plus de cultures de colza bio. De nombreuses entreprises agricoles ont même dû cesser complètement leurs activités parce qu’il n’y a plus de semences non-GM et que la contamination est inévitable. Les distances de sécurité en cultures GM et non-GM, qui semblent fonctionner sur la planche à dessin, ne correspondent tout simplement pas à la réalité. Du pollen transgénique a ainsi été retrouvé à maintes reprises dans du miel canadien. En Allemagne, un seul champ d’OGM à proximité d’un rucher a suffit pour contaminer toute la récolte d’un apiculteur.

De tels exemples expliquent que, outre une grande majorité de consommateurs et d’agriculteurs, les apiculteurs suisses craignent les OGM. William Schneeberger, président de la Fédération des associations d’apiculteurs suisses (Verband Schweizerischer Bienenzüchtervereine, VSBV) explique: « il faut un moratoire parce qu’il sera impossible de produire du miel exempt de transgènes dans des régions de cultures GM. Il n’est en outre pas encore sûr que les cultures GM n’ont pas d’influences négatives sur les essaims – les abeilles et autres pollinisateurs sont indispensables pour l’agriculture. »

Si le 27.11.2005, les citoyennes et citoyens suisses devaient refuser l’initiative pour un moratoire sur les cultures transgéniques, rien n’entravera plus les cultures GM en Suisse. La prétendue ordonnance sur la « coexistence », actuellement en consultation, est sensée servir de base aux cultures GM. Dans la pratique, cette ordonnance faillira lamentablement. Marianne Künzle, de la campagne protection génétique de Greenpeace Suisse, explique que: « des cultures GM éliminent inévitablement les aliments produits de façon naturelle. Renoncer au génie génétique dans l’agriculture est la seule façon de continuer à assurer un approvisionnement en aliments naturels exempts de transgènes. Un moratoire de 5 ans est un bon pas dans cette direction. Et finalement une chance de pouvoir continuer à apprécier un vaste choix d’aliments naturels et écologiques.