Ce matin, au quartier général de l’organisation mondiale du commerce (OMC), des militants Greenpeace ont remplacé l’insigne de l’organisation en anglais World Trade Organisation (WTO) par un nouveau: « World Transgenic Order » (ordre transgénique mondial). Ils entendent ainsi dénoncer la promotion des intérêts de l’industrie des organismes génétiquement manipulés par l’OMC.

Genève (GE). L’organe de règlement des différents (ORD) de l’OMC aurait discuter dû discuter aujourd’hui de la plainte des Etats-Unis d’Amérique (USA) contre le moratoire de fait de l’Union européenne (UE) sur les OGM. (1)

Des militants Greenpeace habillés en « Oncle Sam » ont passé des camisoles de forces à d’autres militants représentant les consommateurs, étouffant leur exigence d’avoir le droit de dire NON aux aliments génétiquement manipulés (GM ou transgéniques) sous un déversement de maïs GM.

« Une fois de plus, l’OMC opère en faveur d’intérêts corporatifs en assistant l’industrie étasunienne de la transgenèse qui veut gaver les consommateurs d’aliments transgéniques qu’ils refusent; et en combattant des réglementations légitimes avec des menaces de sanctions commerciales. C’est une erreur de plus de la part d’une organisation qui souffre déjà d’un manque de légitimité aux yeux de l’opinion publique, » a expliqué Bruno Heinzer, chargé de la campagne de protection génétique chez Greenpeace en Suisse.

Ce différend commercial montre le parti pris inhérent à l’OMC en faveur des intérêts de l’industrie au sens étroit, comme l’offensive agressive de l’industrie de la transgenèse en direction des marchés planétaires aux dépens des intérêts de la population au sens large et des accords internationaux.

Les USA ont déposé leur plainte à l’OMC en mai 2003, avant la 50e ratification du PBS; il est permis de penser que c’est la vraie raison de cette plainte. Avec ce Protocole de l’ONU, la majorité des Etats reconnaissent le principe de précaution et acquièrent le droit de réglementer, et si nécessaire d’interdire, les OGM parce qu’ils peuvent constituer une menace pour l’environnement et la santé publique.

« Le principe de précaution reconnu au niveau international ne doit pas pouvoir être supplanté par la promotion d’intérêts exclusivement commerciaux et par la survie des industries de la transgenèse, qui se trouve dans une position extrêmement difficile à cause de l’extension du rejet des aliments transgéniques. Il est vital que les gouvernements assurent leur capacité à adopter des restrictions aux OGM, dont des interdictions, des systèmes d’étiquetage et des mesures pour empêcher la contamination par des transgènes, » a conclut Bruno Heinzer.

« L’OMC ne doit pas être autorisée à imposer son propre ordre international et saper des accords essentiels pris sous l’égide de l’ONU, ni des politiques et des lois environnementales nationales et internationales, » a expliqué Zeina al-Hajj, chargée de la campagne de Greenpeace sur le commerce international.

Greenpeace pense que l’OMC n’est pas une instance appropriée et compétente pour traiter des sujets environnementaux tels que les OGM qui ont un impact majeur sur l’environnement et la santé publique.

Notes:
(1) Les USA ont déposé leur plainte le 13.05.2003 et l’on pouvait s’attendre à ce, qu’après l’échéance des 60 jours de consultations entre les USA et l’UE, les USA porte le cas de devant l’ORD de l’OMC qui siège une fois par mois à Genève. Son ordre du jour pour le 21.07.2003 se trouve sur le site internet de l’OMC à l’adresse:
www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/dispu_f.htm
(2) La plainte des USA est soutenue par l’Argentine et le Canada qui sont engagés dans des consultations avec l’UE. L’Australie, le Brésil, le Chili, la Colombie, l’Inde, le Mexique et la Nouvelle-Zélande sont des tierces parties à cette plainte. L’Egypte a retiré sont soutien initial « en reconnaissant la nécessité de maintenir une protection appropriée et efficace des consommateurs et de l’environnement, et avec le désire de réduire d’autres distorsions et entraves au commerce international qui pourraient résulter du fait que ces sujets continuent d’être traités à l’OMC » (« in conscious emulation of the need to preserve adequate and effective consumer and environmental protection, and with the desire to reduce further distortions and impediments to international trade that may result due to the further pursuit of this matter within the WTO »), dans une lettre de Son Excellence Suleiman Awaad, ambassadeur d’Egypte auprès de l’UE, à Monsieur Jim Murray, directeur de l’European Consumers Organisation à Bruxelles (Belgique).
(3) Le Protocole de Cartagena sur la biosécurité (PBS) est le premier accord international légalement contraignant en matière d’OGM. Palaos est le 50e Etat à l’avoir ratifié le 13.06.2003. Le PBS entrera en vigueur le 11.09.2003.