Le 12 avril, des engins de chantier ont fait leur apparition sur la décharge du Letten. Mais les problèmes fondamentaux provoqués par la chimie bâloise n’en ont pas disparu pour autant. Le fait que les autorités françaises soient restées inactives pendant des années et de manière irresponsable est plutôt inquiétant pour l’avenir.

Genève (GE) Le 12 avril, des engins de
chantier ont fait leur apparition sur la décharge du Letten. Mais
les problèmes fondamentaux provoqués par la chimie bâloise n’en ont
pas disparu pour autant. Le fait que les autorités françaises
soient restées inactives pendant des années et de manière
irresponsable est plutôt inquiétant pour l’avenir.

La convention passée récemment entre l’industrie chimique
bâloise et les autorités françaises est totalement insuffisante,
parce qu’elle ne comprend aucune mesure de sécurisation ni
d’assainissement des décharges. C’est pourquoi Greenpeace France et
Greenpeace Suisse ont déposé un recours contre les autorités
françaises pour inaction.

Ce recours met les autorités en demeure d’évacuer l’ensemble des
déchets chimiques enterrés aux frais des pollueurs. Cette démarche
juridique est devenue nécessaire pour deux raisons: 1. Les
décharges du Letten et du Roemisloch continuent de polluer les
nappes phréatiques et les rivières et menacent l’approvi-sionnent
en eau potable. 2. Les produits chimiques toxiques découverts par
Greenpeace en février près de la décharge du Letten ont traîné à
ciel ouvert dans la forêt pendant des années, sans que les
responsables interviennent. Le Préfet du Département du Haut-Rhin
avait à sa disposition tous les moyens légaux pour mettre un terme
à cette dangereuse situation ; il ne les a pas utilisés. C’est
évidemment contraire au droit. C’est pourquoi Greenpeace a déposé
un recours.

Trois mois après l’injonction adressée par la commune de
Neuwiller à Novartis et Cie d’évacuer la dé-charge de déchets
chimiques du Roemisloch et deux mois après le scandale – dévoilé
par Greenpeace – des déchets chimiques reposant près de la décharge
du Letten, rien de significatif ne s’est passé: les dé-chets
toxiques bâlois continuent de s’écouler du Roemisloch en direction
d’Allschwil. «Au lieu de s’attaquer enfin au problème, les
autorités françaises semblent se laisser mener en bateau par les
tactiques dilatoires de la chimie bâloise», analyse Matthias
Wüthrich, expert de Greenpeace.

La «convention» entre l’Etat français et la communauté
d’intérêts pour la sécurité des décharges en région bâloise (IGDRB,
Interessengemeinschaft Deponiesicherheit Regio Basel), signée dans
la précipitation par le Préfet alsacien – un jour seulement après
l’action de Greenpeace près du Letten -, est un nouvel exem-ple de
la tactique dilatoire de la chimie bâloise. Contrairement à ce que
Novartis & Cie cherchent à faire croire, la convention ne
comporte en effet pas un mot sur des mesures d’assainissement ou de
sécurisa-tion; et ce malgré le fait que les décharges de déchets
chimiques polluent massivement les nappes phréa-tiques et les
rivières, menacent l’approvisionnement en eau potable et doivent,
sur la base des expertises effectuées jusqu’ici, être assainies
d’urgence – ce que le gouvernement de Bâle-Campagne confirme pour
le Roemisloch par ex. De plus, la convention repose en partie sur
des chiffres qui sont faux: ainsi la part des déchets chimiques au
volume des décharges est trop basse et arbitraire. Ces chiffres
semblent avoir été ‘arrangés’. La convention ne tient en outre pas
compte des connaissances actuelles en matière de décharges.