Greenpeace publie ce jour les résultats de l’analyse de vêtements pour enfants de la marque Disney. Pyjamas, t-shirts et autres sous-vêtements ont été analysés par le laboratoire danois Eurofins après avoir été achetés dans 19 pays. Le rapport indique la présence de substances qui, à terme, peuvent se révéler préoccupantes pour la santé humaine. D’importantes variantes ont été observées selon la provenance des pièces analysées. Il serait donc parfaitement possible d’éviter une bonne partie de cette pollution. La nécessité de mieux contrôler les substances chimiques, notamment pour le biais de la réforme législative REACH, est à nouveau clairement mise en évidence.

Bruxelles (Belgique). Le rapport, intitulé
« Toxic textiles by Disney » (Textiles toxiques de Disney), indique
que la plupart des vêtements analysés contiennent une grande
variété de substances chimiques potentiellement dangereuses. Il est
probable que la présence de substances chimiques puisse s’expliquer
par le recours à des techniques d’impression utilisant du PVC. « Les
variantes observées d’un pays à l’autre (1), nous incitent à penser
qu’il est parfaitement possible de fabriquer des vêtements colorés
sans utiliser des substances chimiques préoccupantes comme celles
que nous avons détectées, analyse Fawaz Al Bitar, responsable de la
campagne «Substances toxiques» pour Greenpeace Belgique. »

C’est ainsi que les chaînes de distribution peuvent jouer un
rôle capital pour réduire la présence de substances dangereuses
dans les biens de consommation. A titre d’exemple, on peut comparer
les résultats obtenus pour un produit Disney acheté, chez H&M,
au Danemark et un autre acheté dans une grande surface en Belgique.
Si la contamination du produit commercialisé au Danemark s’avère
relativement peu importante, il n’en va pas de même pour le pyjama
‘belge’ où l’on a relevé des concentrations records en phtalates et
métaux lourds. En 2002, la chaîne H&M a opté pour des solutions
alternatives au PVC et aux techniques d’impressions au PVC, pour
l’ensemble de leurs produits.

« Si la société Disney se préoccupait des contaminants chimiques
présents dans sa gamme pour enfants, elle pourrait, à l’instar de
ce qui a été fait par H&M, mettre sur pied une politique de
substitution ou d’abandon des substances chimiques préoccupantes,
poursuit Fawaz Al Bitar. » L’an dernier, Greenpeace a exhorté Disney
de prendre ses responsabilités en remplaçant les substances
chimiques dangereuses dans ses produits. Disney a répondu que ses
produits sont en règle avec la législation actuelle et n’a pas jugé
bon de prendre des mesures. Quand Disney accorde une licence pour
son logo et ses personnages, cette opération s’accompagne de
conditions strictes notamment en ce qui concerne le design et les
coloris. Disney pourrait donc très bien exiger l’abandon des
substances toxiques dans les produits portant sa griffe.

La publication du rapport « Toxic textiles by Disney » intervient
à un moment crucial dans la réforme législative qui occupe
actuellement l’Union européenne, réforme intitulée REACH (2). Un
des principes fondamentaux de la proposition initiale de cette
réforme était le principe de substitution. Selon ce principe, les
entreprises qui mettent sur le marché des produits contenant des
substances chimiques dangereuses doivent systématiquement les
remplacer par des alternatives moins toxiques.

« Malheureusement, les institutions européennes ont subi
d’intenses pressions de la part des industries chimiques et de
certains gouvernements afin que ce principe de substitution ne soit
pas inclus dans le texte » explique Nadia Haiama Neurohr,
conseillère politique à Greenpeace. « Si les gouvernements européens
ne s’évertuent pas à introduire clairement ce principe dans le
texte REACH, des sociétés comme Disney pourront continuer de vendre
des vêtements contenant des substances chimiques dangereuses pour
la santé de nos enfants, et ce même s’il existe des substances de
remplacement moins néfastes » poursuit Nadia Haiama Neurohr.

A l’échelle planétaire, la convention de Stockholm (3) demande
l’arrêt de la production des polluants organiques persistants (POP)
et leur remplacement par des alternatives plus sûres. « Cette
convention, dont la portée est actuellement limitée à 12
substances, a déjà adopté le principe de substitution. Ceci indique
la direction que doivent suivre les futures législations chimiques
à visée mondiale » conclut Nadia Haiama Neurohr.

(1) Les analyses ont porté sur les parties imprimées des
vêtements portant le logo Disney. Les échantillons ont été achetés
sur plusieurs continents: Europe, Asie, Amérique (Nord et Sud),
Océanie.

(2) REACH: « Registration, Evaluation and Authorisation of
Chemicals » proposé par la Commission européenne le 29 octobre 2003
(COM(2003) 644 final).

(3) La Convention de Stockholm de 2001 sur les polluants
organiques persistants (POP) deviendra contraignante le 17 mai
2004.