Les bénévoles de Greenpeace se sont mobilisés hier à l’occasion du #WorldCleanupDay pour ramasser les déchets dans six villes suisses : Vevey, Fribourg, Versoix, Zurich, Berne et Bellinzone. Et ils ne se sont pas arrêtés à ce nettoyage : ils ont classé par marque chaque déchet plastique pour identifier les plus grands pollueurs de plastique au monde. L’entreprise Nestlé va-t-elle se hisser à nouveau dans le trio de tête ?

13h samedi 19 septembre 2020 sur la Riviera : à l’ombre des platanes du Parc Roussy, face au Léman, une vingtaine de bénévoles rejoignent le lieu de rendez-vous. Souvent en famille : ils seront au total 11 adultes et presque autant d’enfants.  Beaucoup sont de la région, d’autres sont venus de plus loin, du Bouveret ou même de Nyon. 

Après un court briefing (les plus jeunes sont impatients de commencer !), départ de l’ambitieux trajet de nettoyage : il s’agit de longer les quais d’une extrémité à l’autre de Vevey, sous le regard de deux policiers qui souhaitent au petit groupe un bon ramassage. Le ton est donné, l’après-midi sera convivial.

La relève en action

La dizaine d’enfants transforment immédiatement cette opération de nettoyage en jeu. Ils s’empressent de comparer leurs trouvailles : un vieux jouet en plastique pour chien, une paire de lunettes, des chaussettes. Leur enthousiasme est contagieux, les sacs poubelles se remplissent vite. De nombreuses canettes et bouteilles PET jonchent le sol, mais aussi une lolette et de la lingerie en dentelle. Et des mégots à n’en plus finir : 1’100 au total. « En tant que fumeur, je ne comprends pas », insiste un bénévole veveysan. « Ce n’est quand même pas compliqué de trouver une poubelle à proximité ou d’avoir sur soi un cendrier de poche » dit-il au détour d’une petite pause… cigarette. 

La jeune Mélody, 8 ans, semble concentrée. Elle ne se contente pas de ramasser les déchets le jour du #WorldCleanupDay, elle le fait au quotidien. Pour son camarade Yvo également, « c’est une tradition ». Une maman renchérit : « les enfants sont toujours hyper motivés, dès qu’ils sont à l’extérieur ils ramassent toujours tout – même s’ils ne ramassent jamais rien à la maison ! » conclue-t-elle en riant. Une jeune génération attentive aux déchets : drôle d’époque. La prise de conscience de l’urgence environnementale n’attend pas le nombre des années. 

« Le jetable est inacceptable » indique une pancarte tenue par l’une des bénévoles au-dessus d’un tas d’ordures. D’autres panneaux sont aussi utilisés pour documenter en photos l’opération de nettoyage. Au fil des heures, le soleil transperce les nuages et fait transpirer les bénévoles, qui n’en perdent pas pour autant leur motivation. L’avantage de nettoyer les rives du lac, c’est qu’on peut tremper ses pieds à tout moment dans l’eau : la joyeuse équipe d’enfants ne s’en privent pas.

C’est n’est pas la première fois qu’Anne, une jeune quadragénaire, participe à une telle opération : elle a la défense des océans – entre autres causes – chevillée au corps. Elle portait d’ailleurs déjà un t-shirt Greenpeace le jour de sa rencontre avec celui qui deviendra son mari, il y a 23 ans de cela. « Je suis venue en famille pour sensibiliser mes enfants ». Ces déchets jetés dans les rochers, qui finissent dans l’eau et se dégradent en microplastiques au fil des ans, l’agacent. Jusqu’à 500 ans de pollution selon le type de plastique ! « Mes deux enfants trouvent ludique d’attraper avec leur pince ces bouts de plastiques qui traînent, mais ce n’est pas drôle du tout : c’est aberrant qu’il y ait autant d’emballages à usage unique ». 

A l’ombre du géant Nestlé

Après plus de deux heures, le moment est venu de vider les sacs poubelles et de trier les déchets. Car l’organisation Greenpeace ne se contente pas de les ramasser, elle les classe par marque. Dans le dernier audit de marque réalisé, l’entreprise Nestlé a été désignée 2e plus grand pollueur de plastique au monde. C’est donc sur la plage qui borde la multinationale que se déroulera le tri. Quelle est la marche à suivre ? Passer minutieusement en revue le contenu de chaque sac poubelle. Peu ragoûtant, mais Jeanne et Elea, deux copines d’école, sont venues avec leurs gants de ski pour ne pas se salir les mains. 

Tous les bénévoles examinent les ordures avec attention. Ils dénombrent beaucoup de déchets liés à notre alimentation : des centaines d’emballages de gâteaux, sandwiches et autres snacks, ainsi que 33 canettes en alu et 32 bouteilles PET. Quatre masques également : le coronavirus commence à laisser des traces. 

Un papa participe au tri avec sa fille. Inquiet pour l’avenir, il est conscient que la responsabilité de cette pollution de plastique incombe aux entreprises qui fabriquent ces déchets. Il faut donc s’attaquer à la source du problème. « A mon niveau, j’alerte aussi les décideurs de ma ville pour qu’ils agissent en faveur de la protection du climat ».  Inquiète elle-aussi pour les générations futures, Bettina, qui habite à quelques rues de là, est assise dans l’herbe avec un montagne de déchets sous les yeux. Stylo à la main, elle restera jusqu’au dernier bout de plastique à cataloguer, lorsque que l’après-midi s’achèvera et que les enfants se seront dispersés. 

Les résultats de l’audit de marque réalisé à Vevey s’ajouteront à ceux de dizaines d’autres pays. Ils seront dévoilés en décembre lors de la sortie d’un rapport international réalisé avec le mouvement #BreakFreeFromPlastic. Ce rapport permettra d’identifier les plus grands producteurs de déchets plastiques au monde, afin qu’ils puissent enfin en finir avec la folie des produits à usage unique et les remplacer par des solutions réutilisables.

Vous souhaitez vous-aussi agir ? Signez notre pétition pour réduire la pollution mondiale de plastique.