Depuis des années, la communauté scientifique dénonce les méfaits de la surconsommation de viande sur la santé humaine et ses conséquences funestes pour le climat et la biodiversité. Pourtant, en Suisse et dans la majorité des pays européens, la publicité pour la viande peut continuer d’être massivement diffusée, notamment auprès de public cibles jeunes. Cette publicité se fait parfois même avec de l’argent public. Les antennes nationales Greenpeace de 5 pays de l’Union européenne et de la Suisse publient aujourd’hui un rapport qui met en lumière les techniques et les 7 mythes utilisés par le secteur de la viande dans ses efforts de promotion, afin de rendre « normale » la consommation excessive de produits carnés.

Parmi les 51 marques analysées dans les 6 pays concernées par l’étude (Suisse, France, Danemark, Espagne, Pologne et Allemagne), 8 sont suisses. Il s’agit de Viande Suisse, Micarna, Optigal, Bell, Malbuner, Citterio, Coop et Rapelli. Les publicités de toutes ces marques ont été analysées par des experts de la sémiotique. Une science sociale axée sur l’étude du sens et de la manière dont il se forme au sein des sociétés et des cultures. Elle englobe des éléments de la linguistique, de l’analyse du discours et de la théorie des signes.

Cette analyse a permis d’identifier les 7 mythes utilisés par l’industrie de la viande pour inciter à la consommation de produits carnés. Ils répondent aux besoins connus des consommateurs de se sentir acceptés, de réussir, d’être aimés, respectés et, finalement, de se sentir « bien » :
– La viande fait partie de la solution à la crise climatique, et non du problème;
– La viande est bonne pour votre santé;
– Manger de la viande (rouge) fait de vous un homme;
– Une bonne épouse et mère prépare et sert de la viande à sa famille;
– Manger de la viande est un acte patriotique;
– Manger de la viande rapproche les gens;
– Manger de la viande est une question de liberté, de choix et d’individualité.

Fierté nationale, écologie et convivialité: les mythes les plus vus en Suisse

En Suisse, le mythe auquel les marques de viande ont le plus souvent recours est celui qui consiste à affirmer que la production de viande fait partie de la solution aux problèmes environnementaux, notamment la protection de la biodiversité. C’est notamment le cas de la marque « Viande Suisse », dont la publicité est subventionnée par la Confédération. « La Confédération tient un double langage”, explique Alexandra Gavilano, chargée de campagne agriculture et climat pour Greenpeace Suisse. « La Suisse se vante d’en faire beaucoup en matière de protection de la biodiversité et du climat. Elle continue pourtant de financer massivement des publicités qui entraînent des habitudes alimentaires néfastes pour la santé et l’environnement. »

La croissance de la consommation mondiale de viande aggrave la crise climatique: la production de produits animaux (et l’alimentation de ces animaux d’élevage) représentant près d’un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « Alors que de nombreux États légifèrent déjà pour restreindre la publicité pour certains produits dangereux (tabac, alcool, malbouffe, sucre), ce rapport souligne la pertinence d’une telle évolution également pour les produits animaux.”

« Restreindre la publicité permettrait des avancées pour la protection du climat et de la biodiversité mais aussi en termes de santé publique. La consommation excessive de viande peut mener à des cancers et à des problèmes cardio-vasculaires. La publicité financée par la Confédération, en particulier, pourrait jouer un rôle d’information et inciter activement à réduire la consommation de viande et à adopter des habitudes alimentaires plus saines et plus durables. C’est pourquoi nous avons remis au Parlement fédéral une pétition demandant une réforme du système de promotion des ventes des produits agricoles en septembre dernier”, ajoute Alexandra Gavilano.

Cibler la jeunesse

Le rapport met aussi en lumière le fait que la publicité pour la viande est souvent orientée envers les publics cibles les plus jeunes. L’objectif étant de cimenter chez les enfants et les adolescents des habitudes de consommation de viande qu’ils garderont à l’âge adulte. « Il est particulièrement choquant de voir à quel point les stratégies de promotion et de marketing développées par les marques de viandes rappellent les pires heures de la publicité pour le tabac », conclut Alexandra Gavilano. « Face à ces techniques choquantes, de nombreux États ont réussi à restreindre la publicité pour le tabac et à réduire les niveaux de consommation afin de protéger la santé. S’ils y sont arrivés une fois, ils peuvent le refaire. Notre santé et celle de la planète en dépendent. »

Version française du rapport « Haché menu: ce que cache la publicité pour la viande »

Plus d’informations :

Alexandra Gavilano, chargée de campagne climat et agriculture, Greenpeace Suisse, +41 44 447 41 38, [email protected]

Mathias Schlegel, porte-parole, Greenpeace Suisse, +41 79 794 61 23, [email protected]