S’engager et se faire plaisir!

Ma première expérience se solde par un échec : mon liquide vaisselle fait maison ne vaut rien. Trop liquide, trop floconneux. Pourtant la recette était toute simple : prendre du bicarbonate de soude et du savon de Marseille, mélanger à de l’eau froide et chaude, remuer et secouer. Comment ai-je fait pour rater la chose ? L’expérience n’est toutefois pas totalement inutile, puisque j’ai trouvé une solution inattendue : il s’avère que le reste de mon savon de Marseille, utilisé avec une brosse à vaisselle, est amplement suffisant. C’est joli, et c’est bon marché. Pour un ménage équipé d’un lave-vaisselle, cette variante de détergent sans plastique et sans polluants fait très bien l’affaire. Depuis une année que je la pratique, cette solution bricolée s’avère la meilleure.

 

Micro-révolution

Les petits changements dans les gestes quotidiens sont une manière de surmonter le sentiment d’impuissance qui se diffuse forcément, au vu de l’évolution de la planète. Tant que la grande révolution ne se fait pas, autant faire sa propre petite révolution quotidienne. Changer son mode de consommation et prendre les bonnes décisions, pour lutter contre la résignation. D’autant plus que les effets ne sont pas si modestes. Selon Wikipédia, l’engagement est « le fait de prendre parti sur les problèmes politiques ou sociaux par son action et ses discours ». Une définition qui colle bien à mon ressenti. Bien sûr, acheter des produits non emballés, préférer les aliments bio et le slowfood et fabriquer son propre déodorant, ce n’est pas aussi visible qu’une présence publique dans les médias. Mais les gestes écologiques au quotidien sont accessibles au plus grand nombre. La mouvance « zéro déchet » en est la preuve.

 

Il est temps de faire le test pratique !

Depuis que le mouvement « zéro déchet » est largement relayé par les médias, les recettes traditionnelles pour les produits de nettoyage faits maison sont à nouveau à la mode. Elles ont un seul désavantage, c’est qu’elles prennent du temps. Non, je n’ai pas vraiment le temps. Pourtant, je me lance dans le prochain test pratique. Ma deuxième micro-révolution concerne le produit à lessive. Savon de Marseille, eau chaude et soude en cristaux : les proportions du mélange sont très simples. Consigne : mélanger, remuer et… remuer ! Le tout ne prend que 15 minutes, au grand maximum. Ensuite, laisser reposer pour que le liquide s’épaississe. Il suffit d’attendre, le travail se fait tout seul. Et ça marche ! La consistance est quasiment la même que pour les produits à lessive commerciaux. Pour une lessive à 30°C et plus, le résultat est satisfaisant. Je dis bien : satisfaisant, et non exceptionnel, ou parfait. Il faut dire que dans un ménage avec plusieurs jeunes enfants, la barre est placée haut… Les habits fraîchement lavés n’ont plus d’odeur, et c’est suffisant.

 

Parfumer la lessive, est-ce vraiment nécessaire ?

Mais le principal effet des produits faits maison, c’est qu’ils nous font réfléchir. Et changer nos habitudes, tout en réduisant l’impact écologique des activités ménagères. Exemple, le savon de Marseille. Pour mon premier essai de produit à lessive, j’ai pris du savon d’origine animale, contenant de l’acide éthylène diamine tétra-acétique, ou EDTA*. Première leçon à assimiler : fait maison ne signifie pas forcément écologique. Réfléchir ! Réfléchir, puis chercher et trouver du savon de Marseille végane, sans emballage et sans huile de palme. Pas si simple. Mais pas impossible non plus. L’effort en vaut la peine. Plusieurs recettes proposent d’ajouter une senteur sous forme d’huile essentielle de production biologique. Mais attention, deuxième leçon à apprendre : les pictogrammes de poissons mourants sur les étiquettes. Certaines substances même biologiques ne sont pas inoffensives, et ne devraient ni entrer en contact avec la peau ni finir dans les eaux usées. Qu’en est-il des huiles essentielles ? Les recettes ne clarifient pas ce point, il vaut donc mieux renoncer aux parfums pour la lessive, et se contenter de la propreté. D’ailleurs, quelle que soit la composition du produit, le bilan écologique sera toujours amélioré par un usage parcimonieux.

 

L’expérience fait gagner du temps

Le temps à investir est un obstacle au début. Mais plus on a d’expérience, et plus on gagne de temps. Il vaut la peine de se lancer. Voir ses efforts réussir, c’est aussi se faire plaisir. À condition d’avoir un peu de place, il est utile de produire en plus grandes quantités. Quand on peut stocker une vingtaine de bouteilles de liquide de lessive fait maison à la cave ou au grenier, cela simplifie la vie.

Toutefois, mieux vaut procéder par étapes, en commençant par des quantités modestes. Les échecs éventuels porteront moins à conséquence. Dans cette éventualité, un seul conseil : rester optimiste ! Les ratés ne sont pas dramatiques. Au lieu de ruminer sur une déception, mieux vaut recommencer ! Vive le fait maison !

 

Inga Laas, à mi-chemin entre la « native » et l’« immigrée numérique », elle fait partie de la génération dite Y. Ses thèmes de prédilection sont l’accessibilité et la protection de l’environnement. Quand elle n’écrit pas pour Greenpeace, elle préfère approcher la nature et l’environnement hors ligne. Elle se détend par le jardinage, la lecture et le bricolage.

 

* https://www.ufc-quechoisir-sarthe.fr/savons-savonnettes-attention-a-choix