Les substances chimiques dangereuses utilisées dans les revêtements anti-adhésifs et imperméabilisant de nombreux biens de consommation courante contaminent l’anguille européenne, une espèce déjà menacée, selon un rapport de Greenpeace.

Londres (Grande-Bretagne) Les
substances chimiques dangereuses utilisées dans les revêtements
anti-adhésifs et imperméabilisant de nombreux biens de consommation
courante contaminent l’anguille européenne, une espèce déjà
menacée, selon un rapport de Greenpeace.

Le rapport, «Swimming in chemicals», révèle que les anguilles
européennes, autrefois nombreuses et dont la population décline
aujourd’hui, sont largement contaminées par les composés perfluorés
(PFC), une source de préoccupation grandissante due à la toxicité
de ces substances et leur dissémination dans l’environnement.

Les PFC sont utilisés pour traiter moquettes, textiles et
peintures contre les tâches, pour produire des revêtements
anti-adhésif pour les poêles et se retrouvent à l’intérieur des
emballages de fast food et de pop-corn destinés aux fours à
micro-ondes. Parmi les enseignes utilisant les PFC on trouve
Gore-Tex vêtements de randonnée, Stainmaster traitement anti tâches
pour moquettes et Teflon ustensiles anti-adhésifs. Les PFC sont
également largement utilisés dans certains processus de fabrication
et dans les mousses anti feu.

Au Royaume Uni, un laboratoire indépendant a analysé des
anguilles issues de 21 sites dans 11 pays européens: Belgique,
République Tchèque, Danemark, France, Allemagne, Irlande, Italie,
Pays-Bas, Pologne, Espagne et Royaume Uni. Cette étude permet de
cerner l’étendue de la contamination des anguilles par 4 types de
PFC, parmi lesquels le PFOS dangereusement bioaccumulable.

«Les composés perfluorés constituent un des principaux groupes
de substances chimiques identifiés dans nos rivières et nos lacs.»
constate le Dr. David Santillo du laboratoire d’analyses de
Greenpeace, co-auteur du rapport. «L’étendue de leur présence
démontre clairement l’inadéquation de la réglementation régissant
les substances chimiques soi-disant basée sur une ‘maîtrise
valable’, grâce à laquelle les entreprises affirment qu’elles
maîtrisent la diffusion dans l’environnement des substances
chimiques dangereuses composant leurs produits et également
utilisées dans leurs processus de fabrication industriels».

Les PFC sont des substances persistantes qui s’accumulent donc
dans les sols et les tissus des animaux. Certains sont connus comme
étant toxiques pour les animaux, nuisibles à la capacité de
reproduction des invertébrés d’eau douce et préjudiciables à la
fonction hépathique des poissons et des mammifères. Ils peuvent
aussi augmenter la sensibilité et la toxicité d’autres produits
toxiques. Une étude réalisée par Greenpeace en 2005 a démontré
l’existence de PCB dans le sang du cordon ombilical de
nouveaux-nés, confirmant ainsi la possibilité de traverser le
placenta et d’exposer l’enfant in utero.

Le nouveau rapport est la seconde étape d’une enquête sur la
contamination chimique des anguilles européennes qui avait révélé
une importante concentration en PCB ainsi qu’en retardateurs de
flamme bromés. La population des jeunes anguilles qui reviennent
dans les eaux européennes est estimée a seulement 1% de son niveau
historique. De plus en plus, la pollution chimique est un important
facteur dans la disparition de ces espèces fascinantes qui migrent
sur des milliers de kilomètres de l’Atlantique Nord jusqu’à
l’Europe.

Greenpeace réclame un renforcement de la réglementation sur les
substances chimiques contenues dans les objets de consommation
courante. Cet automne les gouvernements et députés européens
voteront une proposition pour une nouvelle législation (REACH –
Registration, Evaluation, Authorisation of Chemicals). «Une
réglementation des produits chimiques trop peu contraignante ajoute
aux menaces qui pèsent déjà sur l’anguille européenne, de la même
façon qu’elle nous expose tous aux substances chimiques
dangereuses.» affirme Martin Hojsik, responsable de la campagne
chimie de Greenpeace.

«L’Union Européenne doit agir pour protéger notre santé et notre
environnement en exigeant des entreprises le remplacement des
substances chimiques dangereuses par des alternatives moins
toxiques.»