Le navire de Greenpeace Esperanza est entré hier dans le port de Cherbourg pour attendre l’arrivée d’un transport de plutonium militaire en provenance des Etats-Unis. L’Esperanza soutient les bateaux de la flottille atlantique pour des mers sans nucléaire qui veulent manifester leur opposition à ce transport nucléaire. La cargaison de 140 kilos de plutonium, qui doit arriver prochainement à Cherbourg, prendra ensuite une route de 1000 kilomètres jusqu’au complexe nucléaire de Cadarache, près d’Aix en Provence.

Cherbourg (France). Elle sera alors transformée
en combustible pour pouvoir être utilisée dans un réacteur
nucléaire et repartira par bateau aux Etats-Unis l’année prochaine.
« Les Etats-Unis et la France menacent inutilement la sécurité
internationale et l’environnement. Il n’y a pas de justification
concevable à ce transport », déclare Shaun Bernie de Greenpeace
International, à Cherbourg aujourd’hui.

En France, plus de 10 000 kilos de plutonium sont transportés
chaque année depuis l’usine de retraitement de la Hague en
Normandie vers l’usine de fabrication de combustible nucléaire MOX
de Marcoule. En contraste absolu avec les mesures de sécurité
strictes entourant les transports de plutonium aux Etats-Unis, les
transports hebdomadaires de plutonium de qualité militaire en
France s’effectuent avec des véhicules non blindés sous protection
policière très faible.

« Le gouvernement français se trouve à présent face à un vrai
dilemme. Si ce transport s’effectue sous protection militaire à
l’américaine, comment Areva pourra-t-elle continuer à justifier la
dérisoire protection de milliers de kilos de plutonium transportés
chaque année en France? » commente Yannick Rousselet, chargé de
campagne nucléaire à Greenpeace France.

La semaine dernière, l’organisation internationale de protection
de l’environnement a adressé des études techniques aux
administrations françaises et américaines, aux membres du Congrès
américain et à l’Agence internationale de l’Energie atomique (IAEA)
à Vienne, en exposant les violations des règles de sécurité lors de
ces transports.

Plutôt que de transporter du plutonium autour du monde, cible
potentielle pour des terroristes et faire courir des risques
inacceptables à l’environnement et aux populations sur la route de
ces trajets, Greenpeace demande que ce plutonium soit mélangé à des
déchets hautement radioactifs puis solidifié ou vitrifié et stocké.
Cette solution techniquement au point, à laquelle s’oppose
l’industrie du plutonium, serait plus rapide en mise en oeuvre,
moins coûteuse, diminuerait les transports et elle serait beaucoup
plus sûre.