Deux rapports de l’Académie de Médecine et de l’Académie des Sciences se prononcent en faveur d’une introduction « raisonnée et prudente » des plantes transgéniques en agriculture, leur principal argument étant les « perspectives très favorables » pour l’alimentation et pour la lutte contre la malnutrition dans les pays du Sud. Or, rien ne permet à l’heure actuelle de justifier de telles assertions.

Paris (France). Deux rapports de l’Académie de
Médecine et de l’Académie des Sciences se prononcent en faveur
d’une introduction « raisonnée et prudente » des plantes
transgéniques en agriculture, leur principal argument étant les
« perspectives très favorables » pour l’alimentation et pour la lutte
contre la malnutrition dans les pays du Sud. Or, rien ne permet à
l’heure actuelle de justifier de telles assertions.

« Concernant la faim dans le monde, l’agriculture transgenique
n’empêche pas 40% des Argentins de souffrir de malnutrition alors
que ce pays est le deuxieme producteur mondial d’OGM. Utiliser la
détresse de ces millions de personnes pour pousser l’Union
européenne à brader le principe de précaution et à mettre sur le
marché du mais insecticide ou d’autres plantes tolérantes à des
herbicides est le comble du cynisme » déclare Eric Gall, chargé de
campagne OGM a Greenpeace France. »Ces rapports sont une prise de
position politique discutable et non un travail scientifique. Les
seuls arguments susceptibles de justifier l’utilisation de plantes
transgéniques aux yeux de nos académiciens relèvent de l’amalgame,
de la mystification et du slogan publicitaire. Il en faudrait
beaucoup plus pour essayer de convaincre une opinion très
majoritairement réfractaire aux OGM ».

En novembre 2002, tandis que les Académies françaises de
Médecine et des Sciences se préparaient à réitérer leur position en
faveur des OGM, la British Medical Association (BMA), Syndicat
professionnel des médecins anglais, se prononcait devant le
Parlement écossais pour un arrêt des essais expérimentaux en plein
champ à cause notamment de l’insuffisante évaluation des risques
sanitaires. Dans son avis, la BMA déclare que « la sécurité est un
concept relatif généralement fondé sur les résultats d’une
recherche conséquente et sérieuse des effets néfastes possibles.
Cette recherche des effets néfastes potentiels des OGM alimentaires
sur la santé humaine n’existe toujours pas. Au nom du principe de
precaution, les essais d’OGM en plein champ ne devraient plus être
autorisés ».

L’avis conclut en rappelant que: « La BMA ne cautionne pas
l’argument selon lequel les OGM permettront de résoudre les
problemes des millions de personnes dans le monde souffrant de
malnutrition. Les bénéfices, consistant par exemple à faire pousser
des plantes dans des conditions difficiles, n’ont toujours pas été
prouvés. Les OGM bénéficient actuellement aux compagnies et aux
distributeurs impliqués dans la production et la distribution de
ces produits. Il est essentiel de prendre en compte le risque
plutôt que les bénéfices supposés ». D’autre part, les supposés
avantages agronomiques ou économiques des OGM sont contredits aussi
bien par des études indépendantes que par les données officielles
de l’USDA (Departement américain de l’agriculture).

Greenpeace tient par ailleurs à rappeler les points suivants:
l’utilisation d’OGM en milieu confiné et a but médical ne saurait
justifier l’introduction irréversible de plantes transgéniques dans
l’environnement et la chaine alimentaire, au seul bénéfice de
quelques industriels des semences et des produits chimiques. De
même, l’étiquetage des OGM dans l’alimentation ne saurait éxonérer
les pouvoirs publics de leur responsabilité a mener des évaluations
sanitaires sérieuses et a prendre en compte l’impact de la
contamination génétique sur les filières agricoles conventionnelles
et biologiques.