Greenpeace Suisse a analysé l’urine de 20 sujets testés de 21 à 72 ans, choisis au hasard pour y déceler des résidus de pesticides. Résultat: tous les échantillons sont positifs. Bonne nouvelle: Plus la proportion de produits biologiques est élevée, moins on trouve de pesticides dans l’urine.

Les pesticides chimiques de synthèse – interdits dans l’agriculture biologique – sont très répandus dans l’agriculture. Les méthodes de culture conventionnelles l’utilisent largement pour lutter contre les plantes, les champignons et les insectes. Ces substances se retrouvent donc dans les sols, les végétaux, les aliments et les fluides corporels. Actuellement, la Suisse ne dispose pas de données représentatives pour mesurer l’exposition aux pesticides de sa population.

Les mangeurs bio préservés
Résultats: l’étude a surtout fait apparaître la présence de pesticides organosphosphorés et de pyréthrinoïdes. Dans le groupe de personnes mangeant peu de bio, les résidus de pesticides trouvés ont été plus élevés et en plus grande concentration. Philippe Schenkel, chargé de campagne Agriculture à Greenpeace Suisse précise: « Les résultats confirment que la charge de pesticides peut être abaissée par la consommation de produits biologiques. Cet effet est particulièrement évident lorsque l’alimentation est modifiée de façon conséquente ». Nous avions testé plusieurs fraises avec des pesticides. Les produits biologiques étaient exempts de substances toxiques.

Effets sur la santé
Malheureusement, on dispose de peu de données concernant les effets sur la santé d’une telle exposition, puisque l’interaction de divers médicaments et de leurs métabolites dans le corps humain est extrêmement complexe. Il n’en demeure pas moins que certains insecticides (comme le chlorpyriphos), dont les métabolites ont été assez fréquemment décelés, sont connus pour leur toxicité pour l’être humain. Toute exposition à ces substances devrait donc être évitée. D’autre part, les valeurs limites n’offrent aucune sécurité. Sous la pression de l’industrie, elles sont définies de telle manière qu’il n’est pratiquement pas possible de les dépasser. La quantité totale de pesticides à laquelle chacun de nous est exposé chaque jour n’est absolument pas considérée.

Greenpeace demande donc un changement fondamental de politique agricole et une réduction significative de l’utilisation des pesticides. Nous invitons l’Office fédéral de la santé publique à mettre sur pied une biosurveillance étroite, afin de mieux connaître le degré d’exposition de la population suisse aux pesticides et à d’autres polluants, et de pouvoir mesurer l’efficacité des mesures envisageables. L’UE vient d’annoncer un ambitieux programme de biosurveillance HBM4EU. La Suisse ne doit pas rester à l’écart.

Françoise Debons Minarro est porte-parole Biodiversité & Toxiques de Greenpeace Suisse

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