Le Conseil fédéral l’annonçait fièrement ce matin sur son communiqué de presse: « la Suisse veut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030. » Cette belle ambition sert en fait de cache misère pour la politique énergétique suisse. En effet, une grande partie de cet effort se fera par le biais de « mesures de réduction à l’étranger ». Or, ces projets ne sont pas clairement définis et il n’est pas clair quelle est leur part par rapport aux réductions des gaz à effet de serre à l’intérieur du pays. Cela contredit les décisions prises à la conférence sur le climat de Lima. Car on ne peut ainsi pas exclure que les réductions réalisées à l’étranger soient aussi comptabilisées par le pays hôte et donc comptées à double.

Le Conseil fédéral l’annonçait fièrement ce matin sur son communiqué de presse: « la Suisse veut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici 2030. » Cette belle ambition sert en fait de cache misère pour la politique énergétique suisse. En effet, une grande partie de cet effort se fera par le biais de « mesures de réduction à l’étranger ». Or, ces projets ne sont pas clairement définis et il n’est pas clair quelle est leur part par rapport aux réductions des gaz à effet de serre à l’intérieur du pays. Cela contredit les décisions prises à la conférence sur le climat de Lima. Car on ne peut ainsi pas exclure que les réductions réalisées à l’étranger soient aussi comptabilisées par le pays hôte et donc comptées à double.

La Suisse moins ambitieuse que les USA

Doris Leuthard a annoncé ce matin que 30% au moins des réductions de gaz à effet de serre se feraient sur le territoire suisse. Cela signifie qu’à partir de 2020 la Suisse ne va réduire ses émissions que de 1% par an. Pour rappel : aujourd’hui ce sont 2% et pour une politique climatique compatible avec l’objectif des 2 degrés, 3% au moins seraient nécessaires. « Ainsi la Suisse freine ses efforts de protection du climat et elle se fait aussi clairement dépasser par l’UE ou même par les Etats-Unis, qui prévoient une diminution de 2% par an », constate Patrick Hofstetter expert climatique du WWF Suisse. « Pour les plus de 50 organisations de l’Alliance climatique c’est absolument insuffisant et inacceptable », conclut-il. Ce recul des taux de réduction est catastrophique pour la contribution suisse à la protection internationale du climat, mais aussi pour toutes les entreprises et personnes qui se sont déjà investies sur le sujet.

Manque de solidarité internationale

En matière de justice climatique les annonces d’aujourd’hui ne sont guères plus brillantes. Selon les données présentées ce matin, la Suisse ne s’engage à rien. La question de savoir si et comment la Suisse va mettre en place un mécanisme permettant de respecter le principe pollueur–payeur, selon lequel les émetteurs de CO2 doivent payer pour ses conséquences, reste entièrement ouverte. « Il est particulièrement dérangeant qu’il ne soit toujours pas clair comment la Suisse va contribuer équitablement au soutient nécessaire aux pays les plus pauvres dans des mesures d’adaptation aux conséquences du changement climatique et la conclusion de traités climatiques», déclare Jürg Staudenmann, expert des politiques climatique pour Alliance Sud. Au plus tard à la fin de l’année, à la conférence sur le climat de Paris, la Suisse va devoir se montrer plus claire à ce sujet. Il ne faudrait pas que notre pays devienne co-responsable d’un possible échec du nouvel accord international de protection du climat.

Pour l’Alliance climatique les conclusions sont simples: les objectifs des autorités fédérales pour la politique climatique sont insuffisants sur presque tous les points. Le paquet proposé doit retourner au Conseil fédéral et être amélioré sensiblement d’ici la conférence sur le climat de Paris. Doris Leuthard, la conseillère fédérale en charge du dossier, va devoir se montrer bien plus ambitieuse et ferme si elle souhaite devenir la sainte patronne du climat. Une grande partie des suisses souhaiterait pourtant la voir devenir une véritable protectrice du climat. C’est en tout cas ce qu’exigent les plus de 34’000 personnes ayant déjà signé la pétition de l’Alliance climatique à ce jour.

Mathias Schlegel est porte-parole Climat & Energie pour Greenpeace Suisse

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