La centrale de Mühleberg est vieillissante et pose des problèmes de sécurité. En laissant ce réacteur vétuste en service, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) joue avec le feu. L’autorité de surveillance annonce aujourd’hui vouloir laisser Mühleberg en service jusqu’en 2019, sans exiger de sécurité croissante. Un marchandage dangereux qui est dans l’intérêt de l’entreprise exploitante, BKW SA, mais pas de la population.


On ne peut s'empêcher de penser que les questions de sécurité sont l'objet d'un marchandage en coulisse. ©Greenpeace

On ne peut s’empêcher de penser que les questions de sécurité sont l’objet d’un marchandage en coulisse. ©Greenpeace

L’IFSN a donné son feu vert à la prolongation de l’activité de Mühleberg en échange de quelques petites améliorations techniques. Ce faisant, l’autorité de surveillance revient en arrière sur certaine de ces exigences précédentes. Il y a peu, l’IFSN exigeait encore la construction d’un approvisionnement en eau de refroidissement à l’épreuve des séismes. Ce projet a été supprimé pour des raisons de coût et de temps. Au lieu des 170 millions de CHF annoncés à l’origine, BKW SA n’investira que 15 millions.

L’accident nucléaire de Fukushima est un bien lointain souvenir. Au lieu d’exiger un renforcement continu de la sécurité, l’IFSN accepte le statu quo et le délabrement progressif de la centrale de Mühleberg. Les intérêts économiques ont primé sur la sécurité de la population.

On ne peut s’empêcher de penser que les questions de sécurité sont l’objet d’un marchandage en coulisse entre les exploitants et l’autorité de surveillance. L’IFSN avait à l’origine défini les mesures obligatoires de rééquipement pour une prolongation de l’activité au-delà de 2017. Puis BKW SA annonçait vouloir arrêter la centrale en 2019 et renoncer à la majorité des mesures exigées par l’IFSN. Il y un an, l’autorité de surveillance demandait à BKW SA comment elle comptait s’y prendre pour maintenir l’activité au-delà de 2017, sans les rééquipements demandés. Face à ce manque de cohérence et à la faiblesse affichée de l’IFSN, BKW SA n’a pu que se sentir invitée à présenter un paquet de mesures très limité. Résultat: les investissements de sécurité sont finalement réduits de 90% par rapport aux exigences initiales.

Compte tenu des prochaines délibérations du Conseil des Etats sur la Loi sur l’énergie nucléaire (LENu), Greenpeace exige de l’IFSN qu’elle démontre aux parlementaires la nécessité d’imposer une sécurité croissante aux réacteurs vieillissants. Il n’existe sur la planète que trois réacteurs en activité plus anciens que celui de Mühleberg et les problèmes de sécurité y sont connus de longue date. Il est inacceptable que la centrale de Mühleberg puisse continuer de fonctionner pendant 5 ans environ avec le niveau de sécurité actuel. Le Parlement est appelé à préciser le cadre légal en ce qui concerne les conditions pour une exploitation à long terme des centrales nucléaires, notamment les exigences de sécurité, ainsi que les critères pour la mise à l’arrêt. Si cela n’est pas possible,  il est du devoir du Conseil fédéral d’évaluer la qualité de la culture de la sécurité de l’IFSN et d’y apporter les corrections nécessaires.