Un débat d’importance historique a démarré aujourd’hui au Conseil national. Les élus auront l’occasion de poser des jalons essentiels pour la transition énergétique, au cours d’un marathon parlementaire de 5 jours. Les principaux points de discussions seront l’augmentation des subventions pour les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, et surtout la sortie du nucléaire.


© Photomontage Greenpeace

La Stratégie énergétique 2050, sur laquelle les conseillers nationaux doivent se prononcer, est un document gigantesque, avec d’innombrables demandes, suggestions et thèmes. Il est important de présenter ici les trois aspects essentiels du débat.

Plus de soutien aux renouvelables
Comme l’explique l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) sur son site Internet, « la Rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC) est un instrument de la Confédération servant à promouvoir la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. La RPC compense la différence entre le montant de la production et le prix du marché, garantissant ainsi aux producteurs de courant renouvelable un prix qui correspond à leurs coûts de production. »Malheureusement, la somme prévue pour la RPC est largement insuffisante. A tel point que 33’000 projets sont en attente de recevoir le soutien de la Confédération grâce à cet outil. Une augmentation du supplément maximal sur les coûts de transport de 1,5 à 2,3 centimes par kilowattheure permettrait d’éliminer ce goulet d’étranglement. Une telle mesure aurait comme conséquence une légère augmentation du prix du courant, équivalente à environ CHF 3,50 par personne et par mois. C’est une mesure supportable pour l’économie et qui permet de financer enfin de façon conséquente l’essor des énergies renouvelables.

Un avenir efficace
Le courant le plus propre est celui qui n’est pas consommé. Pourtant, le profit des entreprises électriques suisses dépend uniquement de la quantité de courant vendue, ce qui n’est pas incitatif pour le tournant énergétique. Le remède serait d’instaurer une prime à l’économie d’énergie, qui permettrait de récompenser les fournisseurs d’électricité qui parviennent à faire réduire la consommation de courant de leurs clients. Le coût d’une telle mesure serait compensé par la baisse du besoin de production d’électricité. Une telle mesure existe déjà au Danemark, des processus similaires sont également en place dans d’autres pays de l’Union européenne ainsi qu’aux Etats-Unis et en Chine.

Une véritable sortie du nucléaire
Un peu moins de 4 ans après le début de la catastrophe de Fukushima, il semble que de nombreux parlementaires n’ont toujours pas intégré les enseignements de l’accident japonais. Le principe de précaution devrait dicter une mise à l’arrêt rapide des centrales nucléaires. Au lieu de cela, les autorités politiques helvétiques restent passives et laissent vieillir des installations nucléaires de moins en moins sûres. Au cours du débat marathon qui les attend cette semaine, les conseillers nationaux ont le pouvoir de décider d’une sortie rapide du nucléaire. Si les propositions de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie (CEATE-N) permettent une légère amélioration de la sécurité, il manque toujours une date butoir contraignante pour la mise à l’arrêt des réacteurs. Dans ces conditions, les réacteurs vétustes des centrales de Mühleberg et de Beznau menaceront la population durant de nombreuses années encore.