Le comité d’enquête de la Russie a annoncé aujourd’hui qu’il demanderait une prolongation de détention de trois mois pour les « 30 de l’Arctique ». Ils déposeront les demandes devant un juge pendant des audiences qui se tiendront la semaine prochaine.

Le centre de détention "Kresty" à Saint-Pétersbourg, où sont maintenant détenus les "30 de l'Acrtique", ©Greenpeace/Podgorny Des demandes pour garder les militants en prison ont été déposées seulement pour six d’entre eux auprès du tribunal régional de Kalininskiy aujourd’hui. D’autres pourraient suivent plus tard dans la journée, puis neuf autres seront déposées lundi.

Les avocats de Greenpeace ont été avertis du dépôt de demandes de prolongation de détention par le comité d’enquête pour garder les militants en prison encore trois mois tandis que les autorités enquêtent sur les présumés crimes. Le comité doit déposer les demandes devant un tribunal pour qu’elles soient approuvées. Si elles ne sont pas confirmées par un juge, les 28 militants et deux journalistes indépendants seront libérés.

« Nous sommes extrêmement attristés pour nos amis détenus et pour leurs proches à l’extérieur. Nous résisterons férocement à cette tentative absurde de garder ces femmes et ces hommes en prison pour un crime qu’ils n’ont pas commis. Si les autorités réussissent, alors nous interjetterons appel et demanderons leur libération aussitôt que le tribunal peut prévoir une audience. Cette situation est grotesque et scandaleuse, elle tourne la justice au ridicule. Il est temps que les « 30 de l’Arctique » rentrent à la maison », a déclaré le directeur général de Greenpeace, Kumi Naidoo.

Les audiences doivent être terminées d’ici le 24 novembre. Greenpeace International s’opposera aux demandes déposées devant le tribunal. Les avocats de Greenpeace feront également entendre l’argument subsidiaire que la libération sous caution devrait être accordée aux 30 détenus pendant que l’enquête se poursuit. Si les demandes de prolongation de détention sont confirmées par un juge, les avocats de Greenpeace en appelleront de la décision et demanderont de nouveau leur libération sous caution. Si la libération sous caution est accordée, elle pourrait faire l’objet de restrictions de déplacement pendant que l’enquête se poursuit. Les 30 détenus devront rester en prison seulement si cette demande est rejetée.

« Les autorités ont déjà pris deux mois pour enquêter sur un crime imaginaire pour lequel les prétendus auteurs ont diffusé un communiqué de presse expliquant exactement ce qu’ils faisaient avant, puis une vidéo présentant leurs actions. Maintenant les autorités ont besoin de trois mois supplémentaires pour enquêter? Cette comédie devrait se terminer tout de suite, car tout le monde sait qu’il ne s’agit pas d’une véritable enquête criminelle. Ces braves hommes et femmes ne sont pas détenus pour leurs actions, mais parce qu’ils ont fait la lumière sur le dangereux forage pétrolier dans l’Arctique », a ajouté Kumi Naidoo.

« Chez Greenpeace, nous ferons tout en notre pouvoir pour lutter et obtenir leur libération, mais nous ne pouvons agir seuls. Nous avons besoin que le peuple russe et toute la communauté internationale nous appuient au nom de la décence, de la liberté et du droit fondamental de manifester pacifiquement », a conclu Kumi Naidoo.

Malgré la promesse de retirer les accusations de piraterie, le comité d’enquête a, jusqu’à ce jour, omis de le faire officiellement. Les 30 militants et membres de l’Arctic Sunrise sont maintenant détenus par les autorités russes depuis près de deux mois, soit depuis que l’Arctic Sunrise a été saisi le 19 septembre.

Mikhail Fedotov, chef du conseil présidentiel pour les droits de la personne de la Russie (Presidential Council for Human Rights), a déclaré aujourd’hui à la chaîne média RIA Novosti que, selon lui, le transfert des « 30 de l’Arctique » vers Saint Pétersbourg se veut un prélude au changement des accusations et à leur libération prochaine.

Les militants se sont rendus dans l’Arctique pour faire la lumière sur le dangereux forage pétrolier et la menace qu’il pose tant sur l’environnement polaire fragile que sur le climat mondial. Au cours des 30 dernières années, les trois quarts de la couverture de glace de mer au sommet du monde ont disparu.

Plus tôt cette semaine, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) signalait que 74% des réserves de pétrole non exploitées dans le monde doivent demeurer imbrûlées si on veut que la planète ait même aussi peu que 50% des chances d’éviter des niveaux dangereux de changements climatiques. Ceci signifie donc qu’il ne peut y avoir de place pour le pétrole arctique, et ce, dans tout scénario dans lequel le monde se mobilise pour éviter des niveaux non sécuritaires de réchauffement climatique. Un déversement de pétrole dans l’Arctique serait pratiquement impossible à nettoyer en raison de son emplacement éloigné et des conditions climatiques difficiles.