En février dernier, un professeur de géotechnique indépendant avait exprimé des doutes quant à la résistance sismique du barrage du Wohlensee, situé à 1.3 kilomètres en amont de la centrale de Mühleberg. Les interrogations exprimées par cet expert n’ont toujours pas été clarifiées. Afin de briser le mur du silence autour de cette affaire, Greenpeace a décidé de soutenir la plainte déposée par 6 riverains du barrage auprès du Tribunal administratif fédéral contre des travaux de renforcement du barrage. Ce chantier apparaît être avant tout une mesure cosmétique.


En février dernier, Greenpeace mettait déjà en doute la stabilité de ce barrage. ©Greenpeace/Fojtu

« Le raisonnement qui aboutit à la réalisation du  projet de renforcement du sous sol du barrage par l’installation de piliers de béton ne repose sur aucune base solide. Ce chantier ne sert qu’à sauver les apparences et n’améliorera pas la résistance sismique de l’installation », affirme Florian Kasser, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace Suisse. « Il serait bien plus avisé de répondre rapidement aux doutes fondamentaux qui subsistent quant à la sécurité de cette installation. »

En février dernier, Greenpeace mettait déjà en doute la stabilité de ce barrage quasi centenaire, et attirait l’attention sur les conséquences dramatiques que pourrait avoir un séisme, la centrale nucléaire de Mühleberg se situant à 1.3 kilomètres en aval du barrage. L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) avait répondu à ces interrogations par une courte lettre qui n’entrait pas en matière de façon convaincante sur les différents points soulevés par le professeur en géotechnique Wei Wu. L’application contradictoire des directives de sécurité, ou l’augmentation arbitraire de la valeur d’un des paramètres (la cohésion) n’ont par exemple pas été justifiés. Dans sa réponse à la prise de position de l’OFEN, le professeur Wu réitère d’ailleurs ses critiques.

Plusieurs demandes de rencontre effectuées par Greenpeace ont été rejetées par l’OFEN, qui refuse d’avoir une discussion de fond sur les critiques exprimées dans cette affaire. Pour Greenpeace, le comportement de l’OFEN est particulièrement regrettable. « Il est dans l’intérêt public que cette affaire soit discutée en toute transparence », déclare Florian Kasser. « A cause de l’attitude de l’OFEN, il est impossible de savoir si le barrage répond aux normes de sécurité, ou si une menace supplémentaire plane sur la centrale de Mühleberg en cas de séisme. »

L’attitude de l’OFEN est d’autant plus problématique, que d’autres parties prenantes également interpellées par Greenpeace, se contentent de se référer à la prise de position de l’OFEN, notamment l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) et le Conseil-exécutif bernois. Le groupe BKW/FMB , l’exploitant de la centrale de Mühleberg, a prévu d’examiner les différents points critiques, mais n’a encore rien produit pour le moment.