La décision prise par l’Allemagne suite à la catastrophe de Fukushima, de mettre définitivement à l’arrêt 8 réacteurs, n’a pas augmenté le volume de courant nucléaire importé par le pays. C’est ce que démontre une étude de l’Öko-Institut (institut allemand d’écologie appliquée) commandée par Greenpeace. Ce document dément les allégations selon lesquelles la sortie du nucléaire y a entraîné une augmentation des importations de courant venu de France.


L’Allemagne parvient toujours à couvrir ses besoins électriques. ©Greenpeace/Heller (Archives)

« Ceux qui persistent à prétendre que le courant nucléaire allemand a été remplacé par de l’étranger, ne cherchent qu’à influencer l’opinion publique contre le tournant énergétique », déclare Niklas Schinerl, expert des questions énergétiques pour Greenpeace Allemagne. En Suisse également, le mythe d’une explosion des importations de courant liées à la sortie du nucléaire a la vie dure. Dans une interview récemment accordée au quotidien bernois Bund, la nouvelle PDG des Forces motrices bernoises (FMB) déclare que chez nos voisins allemands, la perte de production d’électricité nucléaire a été compensée par le recours aux centrales à gaz ou à charbon.

La réalité est pourtant bien différente. « La perte de la production de courant nucléaire a été compensée aux deux tiers par l’augmentation de la production des renouvelables. Le tiers restant a été  équilibré par une réduction des exportations », déclare Georg Klingler, expert des questions énergétiques pour Greenpeace Suisse. Les autres facteurs, tels que le recours au charbon brun (le lignite) ou la réduction de la demande intérieure, n’ont eu qu’un effet marginal.

Selon l’étude de l’Öko-Institut, l’Allemagne a conservé sa capacité de couvrir sa demande en électricité et à en fournir à l’étranger en 2012, grâce notamment à l’apport des nouvelles énergies renouvelables au cours des mois d’été. Il faut ajouter que le potentiel d’économie d’énergie, notamment dans le domaine de la rénovation du bâti n’a de loin pas été épuisé.
Le facteur clef en ce qui concerne les importations et les exportations de courant est le cours actuel de l’électricité sur le marché, et non le risque de pénurie. C’est ce que démontre l’étude avec une analyse des flux de courant entre les différents pays européens, dont la Suisse. Notre pays entretient en effet des liens très forts avec l’étranger sur le marché de l’électricité.   

« En Suisse, nous pourrions sans problème mettre à l’arrêt les trois plus anciens réacteurs du pays (Mühleberg, Beznau 1 et 2) », ajoute Georg Klingler. « Un essor des énergies renouvelables, notamment du photovoltaïque, et des mesures concrètes pour maîtriser la demande en électricité permettrait de compenser ces arrêts sans augmenter la dépendance de la Suisse vis-à-vis de l’étranger. »

Télécharger l’étude de l’Öko-Institut (PDF)