En pleine crise pétrolière dans le Golfe du Mexique, la déception est grande. ©Greenpeace

Le G20 de Toronto: succès de la mobilisation
citoyenne, échec des dirigeants

Samedi 26 juin, plus de 10’000 citoyens se sont réunis à Toronto
pour réclamer pacifiquement aux chefs d’États du G 8 et du G20 de
faire avancer la cause du climat, de mettre fin aux subventions
pour les énergies fossiles, de promouvoir la justice sociale et
créer des emplois « verts », et, plus généralement, de promouvoir une
société durable et équitable.

Mais les représentants des États, au lieu d’écouter les gens et
de s’ouvrir au débat, ont choisi de construire des barrières tant
policières que morales, de fermer la discussion et d’exclure les
citoyens, venus pourtant nombreux, des négociations sur leur
avenir.

Si certains dirigeants ont esquissé le premier pas en faveur de
l’élimination progressive des subventions aux combustibles
fossiles, collectivement, les actions des États ne répondent pas à
l’urgente nécessité d’enrailler la crise climatique. Dans la
déclaration finale clôturant le sommet, les dirigeants du G20 ont
réaffirmé leur engagement pris à Pittsburgh l’an dernier de mettre
en place des stratégies « spécifiques à chaque pays » pour
l’élimination des subventions aux combustibles fossiles.

Certains pays ont fait mieux que d’autres. De tous les pays du
G20, les États-Unis sont ceux qui ont présenté le plan le plus
robuste pour l’élimination des subventions destinées aux grandes
industries du pétrole et du charbon, même si ce plan ne comprend
qu’une fraction du total des subventions aux combustibles
présentement en vigueur aux États-Unis.

« On a fait des progrès sur l’élimination des subventions aux
combustibles », reconnaît Steve Kretzmann, le directeur de Oil
Change International. « Mais on ne sait toujours pas combien les
pays industrialisés donnent aux géants de l’industrie du pétrole et
du charbon. La prochaine étape, c’est de révéler les sommes que le
G20 fournit chaque année aux grands pollueurs comme BP et de mettre
un terme à ces subventions. »

En effet, le rapport sur les combustibles fossiles, commandé par
le G20 à Pittsburgh l’an dernier et produit au sommet de Toronto,
ne quantifie pas toutes les subventions aux combustibles fossiles
des pays développés.

Certains pays comme le Canada ou l’Australie, ne sont pas
parvenus à s’engager sérieusement: le vocabulaire employé dans les
annexes de la déclaration suggère que l’engagement de supprimer les
subventions aux combustibles fossiles est « volontaire et spécifique
aux membres », les deux pays ayant fait pression pour que ces termes
soient adoptés dans la déclaration finale.

Le Canada, pays hôte du sommet, tout comme l’Australie, ont fait
tout ce qui était en leur pouvoir pour protéger les industries des
énergies sales, sur lesquelles reposent leurs gouvernements. Pour
Phil Radford, directeur exécutif de Greenpeace, « le Canada a prouvé
qu’il était complètement à côté de la plaque sur le climat en
misant sur l’exploitation des sables bitumineux qui fait courir de
grands risques à l’environnement juste pour récolter des profits à
court terme ».

Par ailleurs, sur la question des financements aux pays en
développement, le G20 a complètement manqué de vision. « Le G20 a
laissé passer une formidable opportunité en ne réaffectant pas à la
protection du climat les sommes qui servent aujourd’hui aux
combustibles fossiles », a ajouté Phil Radford

Greenpeace prend d’ores et déjà rendez-vous pour le prochain
sommet du G20 les 11 et 12 Novembre 2010 en Corée du Sud, et
demande que les pays les plus riches révèlent l’étendue des
subventions et autres avantages dont bénéficie l’industrie des
énergies fossiles.