L’Arctic Sunrise, un des bateau de Greenpeace est en expédition au Groenland depuis plus d’un mois afin de mesurer les impacts du changement climatique sur les glaciers de l’Arctique et du Groenland. Une équipe composée de scientifiques et de militants. Greenpeace étudie l’un des exemples concrets de l’impact croissant du changement climatique à l’extrême nord du Groenland à la frontière avec le Canada: la brisure et la séparation d’une partie du glacier Petermann.


Des membres de l’équipe scientifique de l’Artic Sunrise, remonte en kayak une large rivière qui s’est formée sur le glacier Petermann et qui s’infiltre à l’intérieur de la structure. ©Greenpeace/Cobbing

Depuis plusieurs années, le glacier le plus
septentrional du monde subit de plein fouet les conséquences du
réchauffement climatique et se fissure à une vitesse alarmante.
D’énormes blocs de glaces flottants se détachent régulièrement du
glacier et sont charriés au large dans le détroit de Nares. Ces dix
dernières années, le glacier a perdu plus de 150 kilomètres carrés
de sa superficie initiale. D’après Jason Box, professeur au centre
de recherche polaire de l’Université de l’Ohio, un morceau de 37
kilomètres carrés s’est déjà détaché du glacier entre le 11 et 24
juillet 2008. « Cette expédition va nous aider à mieux comprendre
comment la glace et les glaciers du Groenland réagissent au
changement climatique, tout comme les conséquences globales sur la
montée du niveau des océans » explique Jason Box.

Les climatologues et Greenpeace attirent l’attention sur une
brèche monumentale de 16 kilomètres de long qui s’étend d’un bout à
l’autre du fjord. Si cette faille continue de progresser et
parvient jusqu’à la base du glacier, elle pourrait provoquer la
dislocation d’une plaque de glace de 160 kilomètres carrés soit
l’équivalent de Manhattan et environ 5 millions de tonnes de glaces
qui se détacheraient.

De surcroît, la fonte rapide des glaces arctiques provoque la
formation de milliers de canaux et de lacs d’eau de fonte qui
apparaissent à la surface des glaciers. Une large rivière s’est
ainsi formée au centre du glacier Petermann. Elle s’infiltre à
l’intérieur de la structure à travers un tourbillon profond de
glace fondante d’un débit de cinquante mètres cubes par seconde, de
quoi remplir une piscine olympique en moins d’une minute.

Depuis leur arrivée sur le site, le 28 juin 2009, l’équipe de
scientifique a placé deux caméras pour surveiller les mouvements
des plaques du glacier. Chaque minute, plusieurs clichés sont pris
depuis un poste d’observation situé à 960 mètres sur les falaises
surplombant le glacier. Des échantillons de l’épaisseur de la glace
ont été prélevés au niveau de la faille et les instruments de
mesures indiquent que la couche est encore plus fine que
prévue.

Ce phénomène n’est pas isolé. D’autres glaciers à l’Est du
Groenland sont également menacés de disparition. L’expédition de
l’Arctic Sunrise se dirigera les prochains mois vers la côte Est
afin « d’étudier les effets du réchauffement des glaciers de
Kangerdlugssuaq et Hellmand » ainsi que « les impacts des courants
chauds du sud de l’Océan Atlantique sur l’accélération de la fonte
des glaces et de la calotte glaciaire » a indiqué Mads Flarup
Christensen, directeur exécutif de Greenpeace Nordic.

Les impacts du changement climatique sont de plus en plus
frappants, importants et rapides. Les dernières données
scientifiques montrent que le climat se dérègle au-delà des
prévisions les plus pessimistes avancées par le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans son
quatrième Rapport d’évaluation (RE4) en 2007.

Greenpeace et l’équipe de scientifiques associée, fait un état
des lieux -quatre années après une étude identique menée dans les
mêmes zones- sur la fonte des glaciers de l’Arctique et du
Groenland. Et les premiers résultats sont sans appel et
particulièrement inquiétant. Ils ne peuvent qu’inciter les
dirigeants politiques qui se rassembleront à Copenhague en décembre
prochain lors de la Conférence des Nations Unies sur le Climat à
prendre leurs responsabilités pour permettre la signature d’un
accord historique pour stopper les changements climatiques.