La première session de négociations sur le climat a débuté ce dimanche à Bonn en vue de la Conférence mondiale qui se tiendra en décembre à Copenhague. L’enjeu est d’élaborer un accord mondial qui succèdera au protocole de Kyoto et éviterait au monde les pires impacts liés à la crise climatique. L’ouverture des négociations a été marquée par l’allocution de Todd Stern, envoyé spécial des Etats-Unis sur le climat. Il s’agissait de la première prise de parole de l’administration Obama lors de négociations sur le climat.


La conférence de l’Onu de Copenhague a une obligation de résultats: la réponse à la crise climatique ne peut être qu’une nouvelle réglementation multilatérale, ambitieuse et contraignante. C’est quitte ou double pour le climat! ©Greenpeace/Langrock (Archives)

« L’objectif de réduction des émissions de gaz à
effet de serre que se fixeront les Etats-Unis est fondamental. Il
va influencer la date et le niveau du pic des émissions, à la fois
par l’effet direct des émissions américaines, mais aussi par
l’effet indirect des engagements d’Obama sur ceux des autres pays »,
commente depuis Bonn Karine Gavand de Greenpeace. « Greenpeace a
fait les calculs: nous savons que les Etats-Unis sont capables
d’atteindre des objectifs plus ambitieux et plus rapides de
réduction de leurs émissions ». Selon le scénario Révolution
énergétique publié par Greenpeace le 11 mars 2009, les Etats-Unis
peuvent réduire leurs émissions de 12,5% d’ici à 2020 par rapport
au niveau de 1990, en s’attaquant au seul secteur des énergies
fossiles. Associé à d’autres mesures, cela permettrait de réduire
les émissions de 25% d’ici à 2020. « C’est la contribution minimale
que nous attendons des Etats-Unis pour atteindre un objectif fort
de réduction des émissions de l’ensemble des pays
industrialisés ».

L’un des points clés à l’agenda de ces négociations portera sur
l’objectif global de réduction des émissions des pays
industrialisés à moyen terme. « L’étape de Bonn est cruciale: après
l’échec de Poznan, les pays industrialisés doivent s’engager
concrètement sur un chiffre de réduction de leurs émissions de gaz
à effet de serre. Les déclarations d’intention non chiffrées se
succèdent depuis des mois. Il faut que cesse cette partie de poker
menteur où chaque puissance attend que l’autre dévoile son jeu et
ses intentions. Un nouvel échec renforcerait dangereusement la
pression sur un processus qui doit aboutir dans moins de 300
jours! » commente Karine Gavand.

Face aux nouvelles prévisions des scientifiques sur l’ampleur de
la catastrophe climatique, Greenpeace a revu ses demandes à la
hausse. De récentes études montrent que le dérèglement climatique a
lieu plus rapidement que les prévisions les plus pessimistes du
GIEC le laissaient penser, renforçant les risques de recrudescence
de sécheresses, d’inondations, d’incendies, les situations de
stress hydrique, la fonte accélérée des calottes glaciaires et la
hausse du niveau des mers. La capacité de la terre à absorber une
concentration croissante de gaz à effet de serre est déjà dépassée.
Les estimations précédentes concernant la vitesse de réduction des
émissions sont donc insuffisantes.

« Les Etats-Unis et l’ensemble des pays industrialisés doivent
absolument prendre la tête du combat contre les changements
climatiques, entraînant ainsi les autres pays dans leur sillage. La
crise économique mondiale a montré que face à l’urgence, les
leaders mondiaux sont capables de prendre des mesures fortes.
L’opportunité que représentent les négociations de cette année est
peut-être déjà notre dernière chance d’éviter le pire », conclut
Karine Gavand.